Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor : 28–Les poèmes de Najib Bendaoud : 28 – 13 : Ma sacrée nuit hâbleuse 7 avril 2019 Najib Bendaoud Quand un rêve se faufile Doucement Dans les méandres D’un malheureux oubli N’ayez point peur amis D’un silence morbide Un autre rêve se présentera À vous discrètement ouvert Avec toute son heureuse splendeur Car le cœur n’aime pas la vide fadeur Je déconne comme la connerie D’un geste banal D’un homme anxieux Qui n’a jamais su d’où il vient Et où il va dans cette brume J’ai cherché les couleurs en vain D’un bonheur enfui J’ai attendu tous les temps esquivés Cette rencontre déguerpie Et j’ai conclu ainsi Les mots n’ont plus de sens Les promesses s’évadent dans le néant Les paroles s’entassent en se vidant Comment pourrai-je croire alors ? A la dérobade coquine D’un lieu sentimental vicieusement nul D’un espace occupé par le vide D’une nuit de son néant avide Et de tas de choses morbides ? Le froid de mon corps malade N’étonne plus mes moments hallucinants On vit au creux des escapades malicieuses On ne vit plus le charme de nos pas avérés Quand un rêve s’altère Quand des gestes se rouillent Quand un beau regard se ternit N’hésitez pas à changer de cap Tous les oiseaux du monde Viendront planter leurs chants Au fond de ton cœur jardiné Au fond de ta voix bêchée Rien au monde ne pourra ce jour là Noyer les fruits de ta danse miraculeuse Ni abuser de ta flemme prodigieuse Et je me moque terriblement De ma nuit sacrée dans tes bras oisifs Et fortuitement hâbleuse Et je ne rêve plus d’être ta joie ardente C’est un poème a deux facettes car il cumule un niveau principal de nature amoureuse mais relégué délibérément au second plan et un autre secondaire d’ordre philosophique mais qui a été mis en évidence , en lui consacrant la moitié du texte ( 24 vers sur 48 ) . La première facette attire tout particulièrement l’attention par la philosophie du libre arbitre que prône le locuteur malgré l’expérience existentielle profonde qu’il a vécue et qu’il continue peut-être à vivre et qui l’a mis en face du vide et du non-sens (un homme anxieux qui n’a jamais su d’où il vient et où il va dans cette brume j’ai cherché les couleurs en vain d’un bonheur enfui j’ai attendu tous les temps esquivés cette rencontre déguerpie et j’ai conclu ainsi les mots n’ont plus de sens les promesses s’évadent dans le néant…etc.). En effet , si un tel état psychique aussi perturbé mène normalement un sujet donné à la détresse et le fait plonger dans une dépression irréversible , le locuteur , lui , arrive , contre toute attente et d’une façon presque miraculeuse à s’en défaire par la ferme décision de changer de cap (n’hésitez pas à changer de cap tous les oiseaux du monde viendront planter leurs chants au fond de ton cœur jardiné au fond de ta voix bêchée rien au monde ne pourra ce jour là noyer les fruits de ta danse miraculeuse ) ,ce qui est en soi un exploit exceptionnel. Néanmoins , l’amplification de cette dimension philosophique n’est qu’un subterfuge technique utilisé ar le poète pour dérouter le lecteur en lui dissimulant jusqu’au 44ème vers sa véritable portée dans le poème qui est la justification du pouvoir qu’il a acquis de s’affranchir de l’emprise que l’amante avait sur lui (et je me moque terriblement de ma nuit sacrée dans tes bras oisifs et fortuitement hâbleuse et je ne rêve plus d’être ta joie ardente ) . En un mot , un poème habilement construit qui se lit et se relit avec un plaisir renouvelé ! 2019-04-07 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet