Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor : 29–Les poèmes en duo d’Elena Martinez et Mohammed El Qoch: 26 -2: Douleur jumelle…! 6 avril 2019 Elena Martinez et Mohammed El Qoch Au bord du précipice Prise de vertiges Je lève mes yeux vers le ciel clément Chute inversée Fragments d’irréel Offensée, vais-je perdre pied? Me lancer dans le vide Ou résister au grand saut? Qui nous catapulte tout en haut La pénombre, le couloir noir, le temps Le vent affolé, le ciel si bas, Quelques larmes, la pluie arrime Balbutiements de lèvres, cheveux défaits Mémoire tatouée, douleur jumelle… Au bord de l’abîme Mon cœur se comprime Je tends en vain une main Le temps passe à l’aveuglette Personne ne vient à la rescousse Comme dans un labyrinthe sans issue Serais-je condamnée à gémir A me terrer, à me taire, A trouver refuge dans cette solitude Gouffre âpre et amer? Entre béton et bitume, Je déambule à la croisée des regards Bousculer par une foule anonyme Qui m’engloutit dans le flot de son indifférence Et je rêve d’un monde plus humain Sème autour de beaux sourires sains Sur ces visages tristes, mesquins, robotisés L’espoir semble à tout jamais s’être éteint Soudain, contre toutes attentes, Ses yeux trouvent les miens… Né d’une conception artistique finement élaborée, ce nouveau poème du talentueux duo la poétesse hispano-canadienne Elena Martinez et le poète Mohammed El Qoch se distingue , en premier lieu , par le stratagème esthétique par le biais duquel ils l’ont généré et qui consiste à retarder délibérément son noyau sémantique à l’ultime vers (ses yeux trouvent les miens… ) ,closant ainsi leur poème une fin aussi surprenante qu’agréable Elle est surprenante parce tout ce qui précède a été marqué par un ton douloureusement plaintif qui laissait penser jusqu’à l’avant dernier vers que la fin serait aussi sombre . Et elle est agréable du fait que l’univers cauchemardesque plongé dans un noir absolu et à l’intérieur duquel se débat la locutrice tout au long du texte se détend et s’illumine brusquement annonçant le passage vers un monde qui lui est tout à faut contraire : le monde paradisiaque de l’Amour où les maux dont elle se plaignait céderont leur place au bonheur et à l’extase . Telle est l’astucieuse technique que le duo a mis en œuvre dans la structuration de ce poème. Quant au niveau des détails, l’accent y a été mis sur les désagréments dont souffre la locutrice par l’usage massif de l’hyperbole pour que le renversement final de la situation soit le plus surprenant possible. Et le résultat a été conforme au but projeté . Encore un joyau ô talentueux duo . Continuez sur ce même élan ! 2019-04-06 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet