Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor : 26–Les poèmes de Gaëtan Parisi :26-13 : La dernière fois 28 février 2019 Gaëtan Parisi C’est la dernière fois Que le crépuscule se noie En enveloppant la vallée Ma terre aux prairies fanées Je ne glisserai plus entre les roseaux du marais Je ne trainerai plus dans les chemins vaseux Mes chemins sombres et venteux Mon souffle est à l’arrêt Ma vie ici est en gare Un filet d’ombre en flamme se faufile par une fenêtre D’un coup mon cœur s’égare Voilà la seule et unique percée dans la muraille de mon être Comme sur un rideau de pluie La lune coule sur la nuit Elle lutte avec arrogance Il faut à tout prix que l’aube entre dans la danse Mais je ne tiens plus la distance Mon corps macère Dans un néant austère La faucheuse est dans l’air Ton sourire comme un éclair m’appelle dans ton univers Je m’ouvre à cette lumière de jour Et comme le sculpteur d’amour Je crée la forme exaltante de ton sein Je dessine sur ma peau la trace de ta main J’invente la douceur muette de l’eau L’eau fraiche qui se disperse sur les pentes de nos champs nouveaux J’écris le chant hurlant du silence Le silence malicieux de tes yeux Je vois dans le présent fuyant s’ériger en pointillé notre Maison Tu es mon audacieuse raison Prends mon âme Je dois mourir de cette vie Pour renaître à ton envie La structuration de ce poème est simple et claire, étant divisé en deux parties distinctes marquant à partir du 25ème vers (ton sourire comme un éclair m’appelle) le passage d’un état psychologique sombre et tendu à un autre allègre et décontracté. Mais son auteur a misé, dès le début, sur deux procédés déterminants pour faire adhérer le lecteur à son discours : le premier est l’amplification à outrance de l’effet de ces deux états l’un après l’autre et le second est le renversement de la situation au moment où on s’attendait à son empirement. En plus de ce travail minutieux au niveau de la structuration du texte , il a doté le syntagme d’une texture rhétorique bien fignolée , composée , pour la plupart , d’images étincelantes telles que ” le crépuscule se noie en enveloppant la vallée – ma vie ici est en gare un filet d’ombre en flamme se faufile par une fenêtre – comme sur un rideau de pluie la lune coule sur la nuit – mon corps macère dans un néant austère – j’invente la douceur muette de l’eau …etc. ” .Et toutes ces techniques ont été mises en œuvre pour exprimer l’idée maîtresse sur laquelle a été construit le texte : ” l’effet miraculeux de l’Amour “. Le message a non seulement passé mais d’une manière subtile et élégante. Bravo Gaétan ! 2019-02-28 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet