Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor : 16 – Les poèmes de Linda Abedalbaki : 16 –1 : Tu es venu 14 novembre 2018 Linda Abedalbaki Tu es venu En pleine nostalgie Tu étais à distance d’un baiser près Lorsque mes mots se perdirent Entre l’alphabet des larmes Et le halètement de la pluie Lorsque l’encre s’était avérée insuffisante Pour mes vers Je suis venue Peler mes sourires Dans les couffins de ton désir Et tomber baiser Après baiser Sur les rivages de la nostalgie ( Linda Abdelbaki , poétesse syrienne ) Comme nous l’avons constaté à travers des dizaines de poèmes que nous avons commentés dans cette rubrique, l’amour reste l’un des phénomènes humains les plus mystérieux et les plus insaisissables malgré le progrès immense de la psychologie, la psychanalyse et la sexologie à notre époque et malgré des milliers de témoignages de personnes qui en ont fait l’expérience dont de grands écrivains , artistes, savants et philosophes normalement capables de s’auto-analyser .Et l’un des aspects du caractère énigmatique de ce sentiment est sa pluralité individuelle qui fait que deux personnes n’aiment jamais de la même façon .Et ce , en dépit des classifications établies par certains psychologues qui l’ont divisé en six ou sept genres tels que l’amour érotique, l’amour ludique, l’amour platonique, l’amour d’amitié, l’amour maniaque, l’amour obsessionnel …etc…Dans ce poème, par exemple ,le type d’amour décrit par l’auteure ne se range pas facilement dans l’un des genres précités à moins qu’on l’y rattache par un coup de force .En effet, évoquant les circonstances dans lesquelles cet amour s’est manifesté pour la première fois , elle ne retient que son effet salvateur qui l’a délivrée d’un vide affectif (tu es venu en pleine nostalgie – mes mots se perdirent- larmes ) et lui a permis de se défouler à fond et de quitter l’état de sécheresse et d’engourdissement dans lequel elle était plongée (je suis venue peler mes sourires dans les couffins de ton désir et tomber baiser après baiser sur les rivages de la nostalgie ) . Quant à la personne du partenaire , elle n’en relève que son désir sensuel (je suis venue peler mes sourires dans les couffins de ton désir )le réduisant , ainsi , à un simple mâle .Bien entendu , nous ne faisons ici qu’analyser des comportements décrits dans un texte littéraire sans la moindre intention d’y porter un jugement d’aucune sorte qui soit . Notre seul but se limite, tout simplement , à montrer la singularité de cet amour et sa forte liaison avec l’état individuel spécifique de la locutrice qui ne s’identifie pas nécessairement à l’auteure . Stylistiquement , le poème est un vrai tableau exécuté à coups de touches métaphoriques, fines et éblouissantes .Et le trait le plus fascinant est , sans doute, sa chute déroutante ! 2018-11-14 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet