Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :15 – Les poèmes de Mithaq Karim Al Roukabi :15 –1 : Du fond de l’obscurité ton spectre vient à moi… 13 novembre 2018 Mithaq Karim Al Roukabi Du fond de l’obscurité ton spectre vient à moi … S’enroule autour de mon être Comme une prière pleurant un dieu perdu Et ton nom …est une patrie de safran… Veillant dans ma mémoire. La langueur de l’impossible … Et l’obscurité des distances Ne brisent jamais les cruches de la nostalgie… Ö…Moi ! Sur l’épaule de mes années …j’ai gravé ton visage Avec l’odeur du limon Ce qui caractérise tout particulièrement l’Amour avec un grand A est sa vastitude infinie , sa profondeur insondable , sa complexité inextricable et son mystère irrésoluble, d’où les possibilités illimitées qu’il offre aux poètes et autres artistes de puiser dans leur âme et esprit toutes les ressources émotionnelles, imaginatives et intellectuelles dont ils disposent pour essayer de le dépeindre. Néanmoins, la réussite dans cette tâche n’est garantie que si l’on jouit de vrais dons créatifs, comme nous le constatons dans ces vers où l’auteure, héritière du prestigieux patrimoine culturel spirituel et mythologique de l’ancienne Mésopotamie, l’Irak d’aujourd’hui, , exploite à fond ses capacités imaginatives hors pair et sa sensibilité aiguisée pour exprimer la passion qu’elle voue à son bien-aimé. Jetons un regard rapide sur la stratégie qu’elle s’y est tracée et les procédés dont elle a fait usage . L’amour dont elle fait part est, selon ses dires, bien ancré dans sa psyché, du fait qu’il est solidement lié à l’image de l’amant au fond de sa mémoire (ton nom …est une patrie de safran… veillant dans ma mémoire – sur l’épaule des années …j’ai gravé ton visage ) ainsi que dans son inconscient (l’obscurité ) . Et c’est ainsi que lorsque cette image surgit, l’amour surgit avec elle et l’envahit ( du fond de l’obscurité ton spectre vient à moi … s’enroule autour de mon être ).Sa première dimension est donc psychique à laquelle on peut ajouter une deuxième, cette fois mythologique et religieuse (comme une prière pleurant un dieu perdu ) et qui lui est étroitement liée. Cet ancrage dans le tréfonds est bien entendu synonyme d’enracinement, de persistance et de pérennité .Et voila que nous est dévoilée la nature éternelle de cet amour, à l’instar de l’amour que portait la déesse Ishtar pour le dieu Tammouz, en plus de son caractère fusionnel ( Ö…Moi ! Sur l’épaule des années …j’ai gravé ton visage ), vu que moi et toi font , ici, un .Et c’est cette union spirituelle qui explique la résistance de ses sentiments à toute épreuve (la langueur de l’impossible … et l’obscurité des distances ne brisent jamais les cruches de la nostalgie…) .Il en ressort, à la fin , que la qualité première de ce poème est sa haute condensation sémantique qui a permis à la poétesse d’exprimer une multitude de sens en peu de mots .Et c’est là l’une des caractéristiques de l’écriture poétique de cette auteure qui s’est spécialisée dans le genre amoureux . 2018-11-13 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet