Entretiens avec la poète syrienne Suzanne Ibrahim dans son lieu de résidence en Suède – Propos recueillis par :Hadhami Boutros – Beyrouth – Liban

Suzanne Ibrahim

 

  • Question 1: Vous vivez depuis quelques mois dans un pays européen :la Suède. Et, à ce qu’il me semble, c’est la première fois que vous entreprenez une telle  expérience, car  vos précédentes visites en Europe étaient de courte durée dans un but soit touristique,  soit professionnel dans le cadre de votre travail de journaliste. Que ressentez-vous aujourd’hui au moment où vous séjournez pour une longue période loin de votre pays natal :la Syrie ?

Réponse : C’est la première fois que j’ai quitté la Syrie pour séjourner à l’étranger. Ceci est vrai mais loin de moi l’idée de parler du choc civilisationnel et de ses impacts, car je crois que je les ai dépassés depuis belle lurette après mes quelques visites précédentes en Europe . J’ai toujours essayé et j’essayerai encore jusqu’au dernier jour de ma vie d’entreprendre de nouvelles expériences, parce que je ne suis pas de ceux qui adorent l’inertie et la stagnation dans la vie, lesquelles ne concordent pas avec ma nature spirituelle et contemplative et il n’y a ici aucune discordance ou contradiction, car la connaissance du monde à travers les expériences, les aventures et la fréquentation de l’Autre offrent une occasion en or ,surtout au poète, d’approfondir sa découverte de soi puis de creuser de nouveaux sillons dans la terre de la langue.

Et loin de toute comparaison, je me rappelle du voyage entrepris par le poète Djalāl ad-Dīn Muḥammad Balkhi ou Rûmî (1207 – 1273 ) en quête de connaissance. Je peux donc dire tout simplement qu’il s’agit  pour moi d’un nouveau degré dans ma tentative de monter l’échelle de la connaissance.

  •  Question 2: A votre séjour hors du pays natal s’associent évidemment des sentiments d’éloignement, de solitude  ainsi que la perte de l’ambiance intime qui règne dans votre monde d’origine et qui n’a pas de prix. Avez-vous trouvé dans le pays d’accueil des éléments susceptibles de vous aider à atténuer ces ressentis négatifs ?

Réponse :En ce qui me concerne, je n’ai jamais été fidèle aux lieux lorsqu’ils ne sont  que de la pure géographie ou des endroits créés artificiellement sur des cartes.

Il y a, par contre,  des lieux qui acquièrent une existence spirituelle comme c’est le cas de la ville de Damas :le lieu natal de l’âme et dans ce cas-ci, elle ne me manque point, parce qu’elle est à l’intérieur de moi.

Je suis fière de mes racines profondément plantées dans la terre de Syrie, le pays du soleil, ainsi que de mon appartenance à ma ville natale Homs, la ville de Julia Domna . Mais mon âme et mon esprit volent loin des racines, car les racines sont stables c’est-à-dire elles sont dans un état statique .Pour cette raison, si vous optez pour le changement, c’est-à-dire pour un état dynamique – et c’est ce que j’ai toujours désiré –, il vous faut des ailes. Et cela s’applique à moi parce que de nature j’adore planer dans l’air, ce qui est un état d’équilibre entre les racines et les ailes. Et je dois reconnaître que la ville qui m’offre l’hospitalité en Suède met à ma disposition beaucoup de moyens qui me rendent réellement capable de voler très haut.

  • Question 3: On a remarqué que plusieurs mois avant votre arrivée en Suède, vous aviez interrompu presque totalement l’écriture de la poésie. Mais depuis votre installation dans ce pays, votre génie a repris massivement son activité d’une manière remarquable. Cela est-il dû au regret nostalgique qu’engendre l’éloignement du pays natal ou bien  -tu trouvé dans le pays d’accueil tout ce qu’il faut pour raviver  le génie  et ouvrir l’esprit et l’âme sur de nouveaux horizons ?

Réponse :Quelque temps après la parution de mon dernier recueil intitulé Je suis devenue à présent une forêt en 2016,j’ai décidé d’arrêter d’écrire la poésie , une façon de m’offrir l’occasion de refroidir la distance affective entre la fierté passionnelle  de ce qui a été réalisé et ce que j’avais l’intention de réaliser, l’occasion de réviser ce que j’ai écrit, afin de ne pas me répéter autant que possible dans mes prochains textes, car la poésie pour moi ne se limite pas  à l’écriture de textes ou de nouveaux poèmes. Moi, je vis poétiquement et lorsque je n’écris pas je me trouve dans un état de réceptivité vis-à-vis de l’esthétique de l’univers à travers plusieurs manifestations  dont la lecture.  J’ai envie de plonger plus profondément pour découvrir ce qui est caché dans les cavités de la langue et de l’imagination.

Le fait d’entrer dans une nouvelle étape et d’ouvrir une porte qui vous mène à un endroit énigmatique  vous procure le plaisir de la découverte, le  plaisir d’essuyer la vitre de la vision et les miroirs de l’âme et de polir les surfaces de la pensée avec tout ce que permettent le nouveau lieu, la nouvelle culture et les nouvelles personnes qui entrent dans votre cercle d’intérêt.

Après un bon moment de mon entrée en Suède, un étonnant et étrange mélange de sentiments, d’idées et de visions s’est emparé de moi. La ville était à mon arrivée toute blanche. Même le vaste lac qui s’y trouve était une surface de glace blanche. Puis, j’ai commencé à découvrir ses reliefs, ses maisons, ses rues et tous les détails de sa beauté que j’ai rencontrés pour la première fois. Tout cela m’a mis dans un état de flux affectif et contemplatif, celui  qui précède d’habitude l’écriture.

* Question 4: Depuis vos débuts, votre poésie pivote autour du thème de l’existence teinté d’un  soufisme profond  mais sans se couper du réel vécu et surtout de la réalité de la guerre qui avait commencé à prendre forme en Syrie il y plus de sept ans . Mais ce qui est particulièrement remarquable dans vos derniers textes est que votre poésie bien qu’elle ne se soit  pas écartée  du genre existentiel soufi  et ne se soit pas coupée  de la réalité de la guerre, a acquis dans vos nouveaux poèmes une vaste dimension universelle, au point où votre discours y semble de plus en plus émaner d’un moi humain universel et non d’un moi arabe syrien..Avez-vous ressenti cette évolution ? Et si oui  à quoi l’attribuez-vous  ?

Réponse :Votre remarque me remplit de bonheur, car elle prouve que j’ai réussi, même légèrement, à dépasser mon égo que la géographie essaie d’assujettir et à passer outre la réalité vécue. Après la parution de mon dernier recueil Je suis devenue à présent une forêt et mon arrêt volontaire d’écrire, j’ai décidé de ne plus écrire de la poésie sur la guerre, car j’ai senti que ma langue s’est remplie immensément de pleurs, de sang et de tragédie…Les doigts ensanglantés de ma langue se sont mis à m’assaillir en rêve, ce qui m’a amenée à prendre la décision de stériliser la poésie  de la lutte et de la couleur du sang, parce que j’avais écrit auparavant plusieurs poèmes sur la guerre.

Les lieues de mon enfance à Homs(Syrie) se situaient dans le giron d’une nature captivante avec  les sons, les couleurs, et les odeurs qui lui sont inhérents, ce qui a dû sans aucun doute influer sur ma façon de voir mon entourage.

Mon auto-identification à  la nature m’a poussée à me réfugier dans le silence. Et le silence appâte souvent l’esprit pour agir à travers les fenêtres des sens c’est-à-dire à la contemplation et ouvre à l’imagination des fenêtres limitées. Depuis ma première conscience, je me suis sustentée de littérature mondiale avant d’avoir connu un seul écrivain arabe, j’ai connu Hemingway, Dostoïevski, Margaret Mitchell, Kazantzakis et plusieurs autres auteurs .D’autre part, j’ai été influencée à mes tout débuts par Gibran Khalil Gibran dont la pensée, comme vous le savez, est humaine et universelle. En plus de cela, je pense que mes études de littérature anglaise ont contribué à affermir cette orientation et il est certain qu’une conscience bien avancée de la noblesse de l’humanité s’est implantée dans les lieux les plus profonds de ma vision.

Le poète est un être qui vit dans un monde sans frontières…ni spatialement , ni temporellement …parce qu’il lui faut vivre dans le temps à venir …dans le rêve…dans le devenir…le poète et l’écrivain, en général, n’ont  pas de patrie tant qu’ils se meuvent dans les zones de la communication humaine et dans les valeurs et les concepts qui n’appartiennent à aucune terre, à aucune confession et à aucune idéologie…Il n’y a aucune patrie pour le poète, à part les possibilités de la langue, car il est exilé ou réside, même provisoirement, à l’intérieur de la maison de la langue parce qu’il se lance toujours en avant mû par son  désir de dépassement.

*Question 5:  Vous comptez parmi les rares poètes arabes dont les voix sont parvenues aux lecteurs de la rive-nord grâce à vos deux recueils de poésie Mon cœur l’oiseau et je suis devenue à présent une forêt qui ont paru à Paris. Et cette année, nous vous avions vue participer en Suède à des rencontres poétiques au cours desquelles quelques uns de vos poèmes ont été lus en suédois .Que ressentez-vous devant la diffusion de votre poésie en Occident ? Et envisagez-vous de publier un recueil en suédois ?Et qu’elles étaient les réactions du public présent lorsqu’il a écouté la lecture vos poèmes en sa propre langue ?

Réponse :Je ne doute pas que je suis, malgré tout, un être chanceux et que ma poésie est arrivée au lecteur occidental avant que je ne le rencontre effectivement. Ceci est un passeport vert de haute qualité. Je n’ai aucune idée sur l’ampleur du public atteint par ma poésie, car je suis encore à mes débuts  après  ma traversée réelle vers la rive-nord et lointaine de la méditerranée.

Au cours de ma participation à nombreuses manifestations littéraires dans plus d’une ville en Suède, j’ai eu l’occasion de lire ma poésie et de constater la réaction vivante du public à mes poèmes traduits en suédois,  en plus de mes  dialogues avec lui ( par l’intermédiaire de la traduction instantanée) au cours desquels j’ai parlé de mon expérience avec l’écriture.

J’ai été saisie par a chaleur de la réception de la part d’un public totalement différent de celui dont j’avais l’habitude…J’ai cru au début qu’il s’agissait d’une simple sympathie avec moi,  du fait que je suis poète syrienne provenant d’un pays frappé par la guerre. Mais les poèmes que j’ai déclamés ne portent pas sur la guerre. D’autre part, le fait qu’un  public élitique écoute vos poèmes et désire collaborer avec vous dans d’autres rencontres constitue en soi une source de joie…le fait que certaines personnes parmi ce public expriment leur souhait d’apprendre la langue arabe après que je lis quelques uns de mes poèmes …que d’autres demandent qu’on me traduise encore plus de poèmes en suédois, tout ceci dépasse de loin mes attentes..

La plupart des poèmes que j’ai lus portent cette dimension humaine sur laquelle vous m’avez posé une question au début de ces entretiens .Il s’agit là de ces zones de beauté communes entre tous les humains qui sont capables de dépasser tous les fossés et les frontières et même la barrière de la langue et les différentes données culturelles.

Au niveau du souhaitable, il y a plusieurs projets que j’aimerais réaliser l’un après l’autre. Peut-être après la traduction d’un plus grand nombre de mes poèmes, je m’emploierai à faire publier un recueil en suédois .Certaines  parties qui me soutiennent désirent collaborer avec moi .J’espère que nous réussirons à transformer les projets et les idées en de nouveaux ouvrages.

*Question 6 :  Nous vous avons vue assister en Suède à des rencontres à caractère culturel et d’autres à caractère politique. Y participez-vous seulement en tant que poète ou comme une intellectuelle syrienne en général  dont le pays fait l’objet d’agressions sauvages perpétrées par différentes parties ?Et avez-vous un message à faire passer dans ce genre de rencontres ?

Réponse :Parfois, la géographie nous contraint à vivre dans un endroit qui n’est pas le nôtre. Et c’est  ce que font les rêves, les ambitions ainsi que les situations qu’ils engendrent .Et pour que la géographie se transforme en état culturel et pour que nous construisions un pont avec les autres à la place du repli sur soi, il serait très utile de saisir les spécificités de cette géographie, d’apprendre la langue de son peuple, d’avoir une idée sur ses us et coutumes, sa musique, sa culture…et de collaborer avec lui dans plusieurs circonstances, afin de le connaître de l’intérieur et surtout à travers le partage des intimités de sa mémoire.

C’est de cette façon que je me comporte avec toute nouvelle connaissance, en l’envisageant comme une fenêtre de laquelle je regarde le monde.

J’ai assisté en Suède à plusieurs manifestations culturelles et sociales en tant qu’écrivain et intellectuelle syrienne mais les informations relatives à la guerre nous ont devancés nous les Syriens dans tous les pays du monde, ce qui est affligeant. Au début, les regards de sympathie me blessaient, car je connais la noblesse et l’authenticité de la civilisation syrienne, la mère de l’alphabet, que je porte dans mes gènes mais j’ai vite perçu à quel point les intellectuels suédois connaissent la Syrie. Cette connaissance positive qu’ils ont de mon pays m’a bien réjouie .Ils savent que nous sommes un pays laïc et que nous avons une spécificité qui nous distingue des pays qui nous entourent ; c’est ce que j’ai entendu de la part d’un certain nombre de Suédois, sachant que ceux que je rencontre appartiennent au milieu culturel ou intellectuel.

A l’occasion de la fête nationale suédoise, on m’a invité en tant qu’écrivaine à assister à des manifestations populaires. Et tout à fait par hasard, j’ai rencontré ce grand  personnage politique et diplomatique, Jan Kenneth Eliasson, ce qui m’a rendue de plus en plus fière d’être syrienne. J’ai été remplie de joie à l’entendre dire : « Je vois dans tes yeux cette forte volonté de vivre chez les Syriens et cette énergie de continuer à écrire malgré tout ce qui se passe et je suis sûr que les Syriens seront capables de reconstruire leur pays ».

Lors d’une autre occasion, j’ai été invitée à lire quelques uns de mes poèmes en présence des membres du conseil de la ville, ceux qui y détiennent les décisions à prendre .C’était une façon de souhaiter la bienvenue à une écrivaine invitée par la ville et de l’honorer.

Au cours de toutes mes participations, je m’exprime d’une façon  apte à refléter mes bagages intellectuels et civilisationnels en tant qu’écrivaine et intellectuelle et en tant que femme syrienne bien forte qui a vécu la guerre pendant sept années maigres et  qui est encore forte et capable d’assumer son rôle dans la vie et je deviens ainsi  sans le vouloir une représentante de mon pays

Et loin de toute vantardise, je dis que je sens vraiment une grande responsabilité pour être à la hauteur de la Syrie en tant que patrie, civilisation et beauté mas je ne suis pas de ceux qui peuvent participer à des enchères pour vendre des attitudes politiques, car combien de fois je me suis abstenue de débattre sur ce sujet, malgré que cette attitude n’ait pas plu à la plupart des parties.

La fonction de l’intellectuel n’est pas de se retrancher dans ce camp plutôt que dans cet autre mais d’être un pont entre tous les camps. Et je fais encore partie du peuple syrien bon et noble malgré ce que la guerre ait mis à nu  sur plus d’un plan. Et moi je ne prends pas point de départ le niveau romantique  mais la règle qui voit que  la compréhension et l’amour sont le remède certain pour guérir les dissensions et les divergences ainsi que le respect mutuel. Je me trouve dans la même position que ceux qui sont capables de dialoguer calmement et sérieusement mais jamais avec des extrémistes et des fanatiques quelque soit le genre de leur extrémiste et leur  fanatisme.

Voici enfin mon message : répandre l’amour, la paix et la beauté !

  • Question 7: On peut vous considérer comme une poète veinarde parce que votre expérience poétique a fait l’objet d’étude dans deux ouvrages :l’un du critique tunisien Mohamed Salah Ben Amor et l’autre du critique syrien Imad Al-Fayyadh. Quelle est votre attitude à l’égard de la critique en général ? Et ces deux livres vous ont-ils apporté du nouveau ?Ou plus précisément :la critique est-elle vraiment nécessaire pour le poète ou bien est-elle seulement complémentaire ?

Réponse :Oui, je suis un être veinard et je l’ai toujours été. Et j’ai plusieurs raisons pour le sentir et pas seulement grâce à ces deux livres.

Il est beau et utile que la critique se penche sur les aspects de ce que l’on peut appeler « mon expérience poétique »ou sur un niveau bien déterminé de cette expérience. Ces deux livres  ont approché ma poésie à partir de deux angles différents : si l’ouvrage du professeur Mohamed Salah Ben Amor a porté sur quelques uns de mes textes un regard critique et analytique en arabe et en français, celui du poète et critique Imad Al-Fayyadh a tenté une approche globale de mon expérience telle qu’elle figure  dans mes quatre recueils, ce qui est un autre niveau de vision.

Si la critique remplit bien sa mission, elle aidera aussi bien l’écrivain que le lecteur. A mon avis, la fonction de la critique complète celle de l’écriture à condition qu’elle sonde les profondeurs des textes et ce qui y a été laissé masqué. Certaines critiques sont capables ,grâce à leur approche clairvoyante, de connaître les états d’âme de l’auteur et ce qui est dissimulé dans son inconscient. Les écoles de critique sont nombreuses .Certaines d’entre elles sont traditionnelles. D’autres  essaient d’élever la critique à un haut niveau et d’être à la page de tout ce qui est nouveau et relatif au texte de création. Personnellement je préfère les critiques :culturelle, postmoderniste et épistémologique .

La critique sérieuse  est capable d’élever le texte au niveau qu’il mérite – s’il le mérite vraiment – en lui prodiguant l’attention, la considération dont il est digne  et en  lui apportant l’éclairage qu’il faut. Elle est le tamis nécessaire pour purifier le blé de la zizanie.

J’espère que mes recueils feront l’objet d’encore plus d’études, parce que je pense qu’il y a des côtés non-élucidés qui méritent d’être mis en lumière, par la lecture de ce qui se cache au delà des mots et la résolution de plusieurs  énigmes  par la découverte de  leur sens le plus lointain.

  • Question 8 : Comment avez-vous perçu en Suède le regard que porte l’Occident sur le monde arabe et sur les Arabes en général ?Et avez-vous trouvé des difficultés pour vous y adapter ?Ou bien les Suédois font-ils la distinction entre l’Arabe civilisé et cultivé et l’Arabe fanatique  et violent ?

Réponse :Il est évident que je dis que les mass médias en Occident ont joué et jouent encore le rôle le plus important dans la création de l’image typique de l’Arabe et son ancrage dans l’esprit des gens. Et il est regrettable qu’aucun organe d’information arabe n’ait pu s’adresser à cet Occident au niveau des peuples et non celui des gouvernements pour s’employer à changer l’image de l’arabe  barbare et bédouin qui traîne derrière lui un troupeau de femmes et qui n’hésite pas à porter son sabre pour tuer dès qu’on adresse  la moindre critique à ce qu’il considère comme sacré.

Le temps que je viens de passer en Suède ne me permet pas de porter un jugement précis sur ce point, ce à quoi je tiens toujours c’est-à-dire à chercher la précision extrême. Mais les personnes avec qui j’ai collaboré étaient d’une extrême gentillesse, de serviabilité et de respect.

Pour faire changer notre image typique, nous avons besoin, nous les Arabes, d’un grand nombre de bons modèles surtout de nos jours avec le déferlement d’immigrés arrivant en Europe de certains pays arabes ravagés par la guerre et la pauvreté.

L’extrémisme religieux constitue le plus grand obstacle qui empêche de dépeindre une meilleure image de l’Arabe. Et  cet extrémisme a engendré à son tour un extrémisme opposé qui se  traduit par la montée de la droite conservatrice en Europe. En septembre prochain se dérouleront en Suède les élections et j’ai remarqué chez certains Suédois la crainte d’une victoire de la droite fanatique qui entraînerait le retracement de certaines politiques. C’est une droite conservatrice même dans la vie de tous les jours en Suède. Que peut-on dire alors de son attitude à l’égard des immigrés ?

Notre mission, nous es Arabes, paraît extrêmement difficile. Et les exemples d’intellectuels illuminés appartenant à l’élite arabe ne semblent  pas être suffisants pour faire  une différence importante. Cette action exige de très grands efforts de la part d’institutions et non d’individus ou de quelques Arabes distingués.

Sur le plan personnel, je n’ai rencontré jusqu’à présent aucun problème ou obstacle  qui m’empêcherait de m’adapter aux données de la nouvelle réalité ou de l’appréhender .Au contraire, j’ai trouvé chez un nombre de parties de la coopération en vue de présenter tout ce qui est beau  et qui se déverse dans la mer de l’Humain commun.

  • Question 9 : Parlez-nous de vos  projets proches et lointains!

Réponse :J’ai beaucoup de travail à accomplir : d’abord un roman-journal que j’avais écrit il y seulement quelques années et que je n’ai pas publié. Il rapporte moment par moment et jour par jour des événements terrifiants que j’avais vécus en 2011 et 2012.Je m’emploierai à ce qu’il voie prochainement le jour. Peut-être,  je publierai aussi un nouveau recueil de poésie à la fin de l’année 2018 et au début de l’année 2019.J’ai  également parmi mes graffitis l’esquisse d’un autre roman qui parle de la guerre et l’amour, ainsi que d’autres idées qui pourraient se concrétiser et que j’annoncerai au moment opportun.

Pour le début de la prochaine saison culturelle c’est-à-dire au début du mois de septembre prochain, j’ai un emploi chargé de rendez-vous culturels dans un certain nombre de villes suédoises, en plus d’une initiative qui consiste à animer un atelier d’écriture à l’intention des enfants arabes surdoués dans la ville où je réside

 

Qui est Suzanne Ibrahim?

Suzanne Ibrahim est née à Homs ( Syrie).A fait ses études supérieures en lettres anglaises à la faculté des lettres à l’université El Baah. Elle porte un diplôme d’aptitude pédagogique. A travaillé de 1995 à 2004 en tant que traductrice dans l’une des plus grandes firmes industrielles en Syrie. De 2004 à 2014 elle exercé la fonction de journaliste dans le journal « La révolution » au sein duquel elle a intégré en 2007 la section culturelle. Elle écrit la poésie et la nouvelle. Dans sa poésie, son expérience avec le Moi, l’Autre et le Monde est essentiellement existentielle et phénoménologique. Ce qui lui permet de se représenter des situations hors du commun susceptibles de fasciner le récepteur et l’épater. Cependant, en dépit du caractère individuel et subjectif de son expérience, ses écrits restent au niveau de leurs structures profondes ancrés dans la réalité arabe actuelle.

Ses recueils de poèmes :

Que la volonté du printemps soit faite !, Editions Tawhidi, Homs, Syrie 2003.

Tu es nombreuse toi, Genèse Editions, Damas, Syrie 2010.

Aquarelle, Genèse Editions, Damas , Syrie 2014.

Mon cœur l’oiseau, traduit de l’arabe par Mohamed Salah Ben Amor, Edilivre, France 2015.

Je suis devenue à présent une forêt(En langue arabe) , Editions Linda, Soueida, Syrie 2016

Je suis devenue à présent une forêt(En langue arabe) ,Edilivre, France 2017.

Ses recueils de nouvelles :

Lorsque viendra  le temps de l’amour, Editions Tawhidi, Homs 2005.

Parce que je suis, parce que tu es, Editions Baal, Damas 2009.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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