Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :11 – Les poèmes de Monique-Marie Ihry :11 -3 :L’amour, la mer 22 mai 2018 Monique-Marie Ihry L’amour est un petit bateau Qui vogue blanc au fil de l’eau Sur les vagues bleues de la vie Dans une liesse infinie Qu’il soit radeau barque bohème Il navigue dans un poème Sur les flots heureux de l’amour Dans la promesse d’un toujours Bercé par la chanson des flots Balancé au fil des rouleaux Ivre d’émoi et d’allégresse Ne fait pas montre de faiblesse Mais, faible coquille de noix Un jour de tempête se noie Et sur la page d’un naufrage Vient s’inscrire ce triste adage : Tout grand amour est éphémère Un jour il n’est plus que chimère Et dans un regard des plus purs Errent des présages obscurs Adieu petit bateau du cœur Adieu rêves commis en chœur La vie est parfois songe amer Gisant dans la nuit de la mer (d’après la chanson de Charles Trenet intitulée « Bateau d’amour ».Mon poème a été mis en musique par Cristiane Barthes et joué délicieusement cet été 2013 par son orchestre à Narbonne dans le jardin de l’Office du tourisme. De plus, il a été lu par Philippe Lemoine… Ce fut un grand moment d’émotion.) Dans les locaux de l’Office du tourisme, se trouvait également une très belle exposition en l’honneur de Charles Trenet que Joëlle Lambrecht avait organisé avec brio. Merci à elle ! Connaissant de près les écrits de l’auteure de ce poème, je suis presque sûr que le message qui y est véhiculé n’a aucun caractère autobiographique. Il ne s’agirait, pro-bablement, que d’une idée née en toute spontanéité dans un contexte spécial et qui aurait retenu l’attention de la poète par sa pertinence et son originalité. Ce que lui aurait valu d’être à la base de la création de ce poème .Pris en soi et indépendamment du contexte dans lequel il a été inspiré, ce texte expose une certaine conception de l’amour selon laquelle ce sentiment se caractérise essentiellement par sa délicatesse avec ses deux sens 🙁 douceur et fragilité) auxquels correspondent deux attitu- opposées mais dont aucune l’exclut forcément l’autre :la fascination et l’extase qu’il suscite et l’affliction et le chagrin qu’il inspire .Cette conception est , bien entendu , celle de l’amour ordinaire dont font l’expérience la plupart des communs des mortels et dont la fin est généralement décevante si elle n’est pas malheureuse. Et à son opposé s’élève , cependant, majestueusement l’Amour spirituel, impérissable et éternel qu’incarnèrent, par exemple, les poètes arabes anciens de la tribu Oudhra comme Jamil l’amoureux de Boutheina et Qais le fou de Leila qui moururent en martyres pour le sentiment noble et pur qu’ils éprouvaient pour leur dulcinée. De ce fait, si notre poète s’attache à la première particularité de l’amour qu’elle a si bien décrite dans les trois premières strophes, elle se contredirait si elle croyait à l’adage qu’elle a cité dans la cinquième ( tout grand amour est éphémère un jour il n’est plus que chimère et dans un regard des plus purs errent des présages obscurs). Thématiquement, elle ne fait, sûrement donc, qu’interpréter poétiquement un tableau exécuté par une autre personne ou réécrire une chanson qui aborde ce thème .Quant au niveau stylistique , le cachet spécifique de l’auteure est fortement présent à travers son lyrisme très prononcé , sa transcription subtile et détaillée des fluctuations de l’âme humaine , le lexique abondant de la nature qu’elle a mis en œuvre et enfin son recours massif à la métaphorisation .Ce qui a contri-bué à faire de ce poème un véritable tableau sur un tableau ou une chanson sur une chanson . 2018-05-22 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet