Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :2 -Les poèmes d’Alain Minod: 2-17 : Je dis « je» pour toi 15 mars 2018 Alain Minod: ÉCRITURE ET POÉSIE Je dis je pour toi Je suis sur l’abscisse de mon désir Saoul – je crible l’ordonnée De ton absence Des balles de Tes cris Et … Me désordonne En saisissant Les creux de Ton silence En y halant le soleil A minuit Pour y laver tes sourires A mi-lèvres de mes rêves J’endurcis mon plaisir En me penchant sur Mon souvenir J’y étanche Ma soif Avec La densité qui coiffe L’instant de ta beauté Et j’y trempe Ma bouche Comme A la souche De ta peau ivre De chauds baisers Brassant encore Tes sourires dans Mes yeux Je brise Le hasard De ton regard Sur les mille lieues A couvrir de la distance Qui nous sépare Ainsi tes paroles se nouent Avec les stances roulées D’un poème d’argile Qui vient fuser Aux sources Fragiles de Ton corps Mais qui campe ainsi Dans la fuite lâchée De l’instant Comme Dans un port Sans attache ? Que m’arrive-t-il De briguer tes rives Où pleure ton océan Comme pris dans les plaintes De mon chant ? Il est l’heure de friser Les plis du jusant Sur l’aube des Marées Avec l’orbe lumineux Qui risquerait De glisser en L’oubli Et je ramasserai les traces Qui supplient le sable De ne plus te hanter De ma présence Mais Cette tension Des flèches d’Eros Vers l’infini des vagues Qui te prennent pour cible – N’élague pas l’arbre visible De ton nid N’étant pas le héros qui t’enchaîne Je ne m’enchanterai plus Qu’à sauter dans Le grain de Pluie que traîne l’orage Et mon âge restera Ouvert sur ton Arc-en-ciel C’était ton charme annoncé C’était l’arme prisée De ta demeure Et … Quand bien même Je l’ai biffée En bouffées De je t’aime – N’ayant à semer Sur ton lointain chemin Que les caresses soufflées Par ma mémoire dans tes mains – Je te laisse le soleil Du plaisir que Tu voulais Maintenant – je me grise Du dernier sceau Sur cette lettre Incendie Et t’envoie ce baiser D’une voix relevée Pour que je ne Me dédie D’être encore baigné Dans les eaux musardentes De ton désir A première vue, l’auteur de ce poème affectionne la langue soutenue et le style travaillé et réfléchi qui donnent l’impression d’une tendance académique austère et d’un purisme linguistique rigoureux . Et cela se remarque d’abord au niveau rhétorique où les images sont soit puisées dans des champs sémantiques scientifiques (je suis sur l’abscisse de mon désir saoul – je crible l’ordonnée de ton absence des balles de tes cris – la densité qui coiffe l’instant de ta beauté – l’heure de friser les plis du jusant sur l’aube des marées avec l’orbe lumineux ) , soit nées de représentations abstraites et complexes (en saisissant les creux de ton silence en y halant le soleil à minuit pour y laver tes sourires- tes paroles se nouent avec les stances roulées d’un poème d’argile qui vient fuser aux sources fragiles de ton corps – je ne m’enchanterai plus qu’à sauter dans le grain de pluie que traîne l’orage et mon âge restera ouvert sur ton arc-en-ciel ) . Cet esprit académique avec lequel l’auteur traite l’écriture poétique s’est manifesté sur le plan lexical dans l’usage de mots peu usités tels que : Jusant – orbe- stance – musarder … Loin d’être considérés comme des défauts , ces aspects s’expliquent plutôt par une sensibilité particulière inhérente à l’humeur de l’auteur .Et l’humeur – accordons-nous bien ! – fait partie de la personnalité de l’individu . Néanmoins , une question reste posée à la fin de ce commentaire hâtif : Puisque le poète s’adresse avec ce discours ultra-musclé à sa bien-aimée , y a-t-il vraiment une femme même doctoresse et savante qui pourrait être séduite par les abscisses et les ordonnées au lieu des roses et des mots séculairement niais mais doux comme ma biche , ma tourterelle , mon amour ? 2018-03-15 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet