La chute de Grenade :le symbole dont les Arabes n’ont pas saisi les significations profondes :par Mohamed Salah Ben Amor

Lorsque vous lisez ce que les historiens arabes ont écrit sur la chute de Grenade, la dernière ville arabe andalouse, en 1492, vous les trouvez relater cet évènement avec beaucoup de tristesse et de regret. En réalité, en auscultant les événements qui s’étaient déroulés auparavant en Andalousie depuis la chute du califat omeyyade en 1031 et les discordes, les complots et les attentats qui l’avaient précédée et suivie parmi les Musulmans pour des motifs tribaux ou raciaux ( Arabes/Berbères) ou continentaux ( Andalous/Nord-Africains) ou personnels ( luttes intestines entre les aspirants au pouvoir dans une même famille régnante) , ainsi que les alliances entre des princes musulmans contre leurs propres coreligionnaires et les rois catholiques, vous saisirez que la fin du règne arabo-musulman dans ce pays était inévitable. C’est le sentiment qui m’a traversé en entrant au palais El Hamraa mais il était entremêlé d’une sensation contraire : l’admiration de l’architecture de ce palais et de l’habilité des graveurs et des décorateurs qui en ont fait l’un des chefs-d’œuvre architecturaux du monde.
Et vous n’avez qu’à mesurer sur cet exemple ce que nous sentons aujourd’hui dans le Monde Arabe qui regorge de savants, de gestionnaires, de techniciens dans toutes les spécialités et de créateurs dans toutes les branches artistiques et littéraires mais la classe politique, en général,
n’y est point consciente du rôle historique qui lui incombe .Ce qui est visible dans l’émiettement du corps arabe, que ce soit en Orient ou au Maghreb, la soif au pouvoir, les dissidences et le terrorisme, sans compter les trahisons et la participation au complots fomentés par les ennemis de la nation.
Grenade était, sans aucun doute, une principauté prospère sur les deux plans : économique et culturel .Mais le mérite revenait à ses compétences scientifiques, techniques et artistiques et non point à ses gouvernants qui ne s’intéressaient qu’au trône et aux belles femmes .A titre d’exemple, Le fondateur de la dynastie, Mohamed Ibn El Ahmar El Khazrajy (1232 – 1273 )avait signé en 1246 avec le roi de la Castille un accord humiliant, en vertu duquel il lui devient vassal, assiste au conseil de l’état aux côtés des nobles du trône et consente à aider le roi à conquérir les autres villes arabes, tout en lui payant un tribut de 500.000 pièces d’or par an .Et par application de cet accord, il l’a aidé à faire le siège de Séville jusqu’à ce qu’elle fût prise en 1248. Ensuite, la plupart de ses successeurs avaient continué à respecter le même accord .Et le dernier d’entre eux Abu Abdullah Mohamed (1587 – 1492 ) avait remis à Elisabeth II, la reine de la Castille et à Ferdinand , le roi d’Aragon, la clé de la ville en 1492 , mettant ainsi un terme au règne des Arabes en Andalousie.
Cependant, tu te trouves incapable de te réjouir de la fin de ces traîtres, car la prise de Grenade était une véritable catastrophe pour ses habitants musulmans et juifs .En effet, toutes les mosquées et les synagogues avaient été transformées en Eglises et on avait donné à ceux-là le choix soit de se convertir au catholicisme, soit de quitter l’Andalousie .

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Le palais d’Al Hamraa à Grenade – Andalousie – Espagne ( 9 août 2015 )

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Le palais d’Al Hamraa à Grenade – Andalousie – Espagne ( 9 août 2015 )

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5 commentaires

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    Merci Mohamed !
    J’adore cette région et son histoire !

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    Sophie Massonnaud Herbouiller Bonsoir Mohamed et merci pour le partage, je l’avais vu dans le fil d’actualité et, bien sûr, lu… émoticône heart
    Intéressant à tous les points de vue mais j’ai lu des poèmes des derniers princes arabes de la région de Grenade qui étaient fort éloquents quant à leurs regrets de quitter cette terre qu’ils aimaient, des poèmes très émouvants.
    La prise de Grenade a marqué la fin d’une ère et inauguré celle d’une autre, celle de la cupidité (l’or des “Indes”) et de l’intolérance : à l’époque, même les chrétiens devaient prouver à l’inquisition qu’ils n’avaient aucune ascendance musulmane “por los cuatro costados”, c’est à dire en remontant à deux générations, s’ils ne voulaient pas avoir de problèmes…
    Dommage pour l’Espagne…
    Dommage et triste…
    Merci pour le partage, amitiés émoticône smile

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    Mohamed Salah Ben Amor

    Samia Lamine
    مع الاسف و بكل حرقة اقولها: نحن العرب لا نستوعب دروس التاريح.. اذا و قطعا و الحال على ما هي عليه… نحن الى زواااااااااااال.

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    Mohamed Salah Ben Amor

    Fattoum Abidi Ah! Bien triste mon ami notre histoire a mal tourné belle soirée et merci mon ami émoticône smile

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    Bonjour Mohamed..ton article est pertinent et beau..
    Je ne dirai pas dommage à ce qui n’a pas été saisi..car puisqu’on on parle..il y reste quelque chose et j’aime savoir sans dire ” espoir “, que l’homme apprendra, un jour de l’Histore..Surtout bien sur et comme tu le sais..Beauté et Art..Des mots clés dans notre vie…

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