La peinture marocaine est devenue de plus en plus libérée, de plus en plus émancipée des cadres classiques bornés et du conformisme astreignant. Un art plus ouvert, plus hasardeux, et par là plus profond, tolérant, et divers qui repose sur un investissement libre de la matière, une aspiration manifeste au renouvellement, une exploration profonde de l’inconnu du moi et du monde. C’est dans cette lignée que s’inscrit le peintre ingénieux Lahoucine Dassagi dont la touche ne cesse de surprendre par sa dextérité et sa magnificence.
Né en 1980 à Agadir, cet artiste plasticien se découvre, depuis son jeune âge, passionné pour la peinture et la sculpture dont il a réussi, encore enfant, à récolter des prix. Dès lors, il prend pour besogne la découverte des styles et des écoles artistiques. Passion appuyée et murie par une formation académique à Essaouira qui lui a permis, peu de temps après, d’embrasser les couleurs et enfanter ses premières toiles. Ce jeune artiste passe alors par une phase figurative où il a été influencé par certaines écoles de l’art moderne, notamment l’expressionnisme abstrait dans lequel Dassagi se voit disciple de l’américain Willem de Kooning, mais aussi, l’expressionnisme et l’art informel dont il est manifestement influencé par les paysages, entre autres, du russe Nicolas de Staël. Lahoucine Dassagi fut admis à l’institut national des Beaux-arts à Tétouan où il fut diplômé en option design. Il intégra après le Centre Pédagogique Régional de Marrakech. Au bout de deux ans de formation, il fut affecté comme professeur des arts plastiques du cycle secondaire collégial.
Pour ce jeune peintre moderne, la peinture est avant tout ” une expression d’existence, une manière d’immortaliser les idées et les regards subjectifs ; une méditation colorée sur le sort de la matière qui nous constitue d’abord puis nous enroule”. Définition lourde de signification par laquelle Dassagi énonce implicitement son anticonformisme et sa libération de tout ce qui croche la liberté du peintre. Ses toiles débordent de beauté mystique provenant essentiellement d’une volonté acerbe de sonder l’Inconnu (avec son I majuscule!). L’Inconnu des formes, l’Inconnu du sens, et l’Inconnu du monde. Une exploration des possibles artistiques tout en changeant constamment son lieu de travail. Dassagi considère d’ailleurs, il le dit bien, ” le monde réel comme un grand atelier à ciel ouvert pour peindre l’irréel”. Mêlant décoration diverse, collage, texture variée, et jeu de contraste, l’alchimie de cet artiste spécial se fraye de plus en plus un chemin clair vers plus de grandeur et d’éclats, notamment avec son aspect joliment improviste. Un investissement du hasard, une peinture aventureuse, un art qui se déclare en constante évolution.
Lahoucine Dassagi a donc son pesant d’or dans la lignée des peintres marocains modernes. Un style divers, tolérant et universel ; aspirant au nouveau et respirant la nouveauté. Armé d’une ambition inébranlable et d’une passion ardente pour le beau et le bon, ce peintre transcende petit à petit vers les hautes sphères de la création artistique.