Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :2 -Les poèmes d’Alain Minod :2-6 : Le secret des muses 17 février 2018 ’Alain Minod Les nerfs rompus à la défiance Pour cette injonction au silence Repu de prière et présence – Lancent le feu dans la patience Mais … Ce qui court dans les nuages – Ce qui tombe sur les visages – : Les mots de tout un paysage : Cela apprend à être sage La traîne de toute une joie Qui pénètre dans votre voix Vous bâtit un tunnel de soie Passant vos pentes – en une voie C’est votre amour chantant toujours La robe d’encre sur le jour Mais la lumière – en recours – Demeure claire en ses parcours Les fleurs encore épanouies : C’est la tristesse évanouie Avant que s’effile la nuit Dans la toile urbaine et ses bruits Lors – se dévoile un bel azur Inaugurant notre futur Mais il n’y a rien qui assure Pour l’humain une belle allure La tête à bon dieu de l’instant Rentré dans nos yeux miroitants Ne peut nous rendre plus contents Quand nous assumons Tout du temps A nous-mêmes sommes la promesse De n’engendrer dans la vitesse Que le charme d’une jeunesse Toujours rencontrée dans la liesse Notre joie encore féconde D’ajouter à cet obscur monde Le chant clair de toutes les rondes – Résonne où notre cœur abonde Pour un horizon de justice Avec la logique d’Alice Ce sont les poètes qui saisissent Un nouveau jardin des délices Mais : « élargir l’art » pour puiser Dans ce que Celan nous disait : « L’arrière-pays » divisé Entre enfer et accueil osé Nous concevons libre : l’espace En y imprimant tant de traces Que l’innocence et sa grâce Y fabriquent toutes leurs places Et – dans la veine de l’espoir – Nous faisons briller sang du soir Pour – au-delà des encensoirs – Laisser nos vers – à tout – surseoir … – Jusqu’à la peine et la misère Abandonnées dans un désert De solitudes que l’on fait taire Pour que le « monde » les enferre Aussitôt que poème chante Voilà venue la grande pente Où – de ce futur – qui nous hante – Nous saisissons ce qui nous tente Voilà où se penche Désir : Vers la veille où tout ressaisir – Descendre au bitume où s’étirent Les ombres comme un élixir Buvant dans leurs disparitions – Nous invoquons notre passion : Epouser la respiration des gentes muses Qui lancent aspiration en éclairs de leurs ruses Ce nouveau poème d’Alain Minod un poème à thèse qui traite , donc , d’une problématique : l’inspiration poétique et développe , tout au long du texte , des arguments pour appuyer le point de vue de l’auteur sur sa nature , sa source et ses fonctions . Signalons d’abord que ce phénomène fait actuellement l’objet de recherches approfondies dans les sciences cognitives et les neurosciences où on utilise pour le nommer le terme de ” connexion cérébrale” , sans toutefois arriver jusqu’à présent à déterminer exactement les sources à partir desquelles il se produit . Quant au poète , et selon les indices qu’il a semés sur la nature de l’inspiration , il paraît l’assimiler quelque peu à la révélation que Dieu donne à ses prophètes , étant donné qu’elle s’accomplit , selon lui , du haut vers la bas (qui court dans les nuages , qui tombe sur les visages – aussitôt que poème chante voilà venue la grande pente – descendre au bitume où s’étirent les ombres comme un élixir – la tête à bon dieu ( jeu de mots avec la bête à bon dieu ) de l’instant rentré dans nos yeux miroitants…) . Il utilise même pour la qualifier un mot dont le sens est proche de celui de connexion :” l’injonction “. Ce qui expliquerait les sensations de béatitude et de bien-être que l’inspiration procure au poète et l’optimisme béat dont elle remplit sa vision de l’avenir (la traîne de toute une joie qui pénètre dans votre voix vous bâtit un tunnel de soie – votre amour chantant toujours – les fleurs encore épanouies : c’est la tristesse évanouie – le charme d’une jeunesse toujours rencontrée dans la liesse – dans la veine de l’espoir – nous faisons briller sang du soir ). Et c’est là précisément où se situe l’essentiel de la thèse de l’auteur pour qui le rôle primordial du poète est de combattre les ténèbres qui ne cessent d’envelopper le monde et d’ouvrir continuellement, pour l’humanité , des brèches d’espoir . Un autre spécimen des écrits de ce poète qui est en train de cultiver, loin des bruits et des lumières médiatiques, une poésie expérimentale singulière et de haute facture . 2018-02-17 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet