Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor : 2- Les poèmes d’Alain Minod : 2-1:Pour allumer des étoiles 12 février 2018 Alain Minod Au temps de mon silence en aparté Il y a comme une langueur de la veille – Au milieu des paroles en majesté J’habille un poème pour qu’il me seille De parcourir un chemin dans ces places Où ne se fatigue ma solitude A se remplir de toutes belles traces Que je fais planer loin en altitude. Ce n’est pas jeu où se traînent des vers C’est un feu où j’entraîne ma bohème La beauté fait irruption comme un lemme Éclaircissant tout mon verbe à revers De ma situation là sans fortune Pour allumer la moindre des étoiles Sans même penser à gober la lune – Juste pour peindre ma petite toile. Et – ainsi toute distance effacée Je me noie dans tous les rires qui pleuvent Les associe aux rêves condensés Par l’ivresse de désirs qui se meuvent En quarterons de prières indociles Que le creux de la ville n’assassine Car – par ce milieu de terre des îles – Comme au bord d’océan – écume avine. Et tous ces amants qui bâtissent un monde – A leurs flammes ne peuvent être ravis Ils nous envoient de petits ballons-sondes Qui s’en vont voler sur notre parvis On les entend heurtant le fil des heures – Tendant le temps de leurs minces soupirs Ils fondent leurs voix sans même un seul heurt Doucement je m’en pénètre et respire. Il y a ce halo large de lumières Où pavoisent en une grande vitesse S’évanouissant dans la grande artère Ces serpentins qui sans-cesse apparaissent Du gouffre sombre comme de Saturne – Ces anneaux qui nous ont vraiment reliés En un même mouvement qui résume La nuit où les cités sont nos alliés. Dans ce poème-manifeste, l’auteur fait part au lecteur de sa conception propre de l’acte poétique qui est loin d’être un simple exercice de versification compassé et artificiel (ce n’est pas jeu où se traînent des vers ) comme chez les amateurs non-doués mais il s’incruste , par contre , dans une activité linguistique à triple dimension : esthétique , psycho- existentielle et humaine . En ce qui concerne la première dimension , le rôle du poète est de purifier la langue de toutes les vulgarités occasionnées par l’amoncellement des sens référentiels afin de l’élever à un haut niveau de perfection et de limpidité (c’est un feu où j’entraîne ma bohème la beauté fait irruption comme un lemme éclaircissant tout mon verbe à revers – j’habille un poème pour qu’il me seille de parcourir un chemin dans ces places où ne se fatigue ma solitude à se remplir de toutes belles traces que je fais planer loin en altitude ). Quant à la seconde , elle consiste à trouver dans le poème un refuge où le poète jouit de la quiétude et se ressource de la pitance spirituelle qui lui manque dans le réel (la beauté fait irruption comme un lemme éclaircissant tout mon verbe à revers de ma situation là sans fortune ) . La dimension humaine , enfin , est de combattre le mal dans toutes ses formes que l’auteur symbolise ici par l’obscurité et à remplir le monde de lumière qu’il puise dans les étoiles ( Pour allumer des étoiles ) . Un programme reluisant et séduisant auquel doivent adhérer tous les poètes sans exception toutes tendances et convictions réunies. 2018-02-12 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet