Quatre poèmes de Fatima Maaouia – Poète tuniso-algérienne -Tunis 3 janvier 2018 Fatima Maaouia Ce n’était qu’un peu de pain Un peu brûlée, un peu déchirée sur les bords Comme son auteure Mais fin prête aux premières aurores Ce n’est qu’un peu de pain, un peu de pain Aghroum Battant à toutes vapeurs Pavillon arômes Qui font chavirer le cœur Et tourner les têtes Un peu de pain Ma galette, Planète Émoi Ce n’est qu’un peu de pain, un peu de pain Que les femmes de chez moi Émotion au bout des doigts Pétrissaient chaque jour pour la maisonnée Et les moudjahidines des montagnes voisines Que la nuit sans fin Ratissait, moissonnait Et ratissait sans fin au peigne fin De toute leur farine Avec ardeur et foi, pressant le levain D’aller toujours plus vite, plus haut et plus fort Que le froid et l’infortune ! Donnant même parfois de la claque et de la voix Encore ! Encore ! Un effort ! Afin de battre tous les records: Résister au froid Pour tromper la faim de destin Ce n’est qu’un peu de pain, Un peu de pain Dans la corbeille de leur bras Pour leurs gamins Et les hommes de feu et de combat Galette berbère, si populaire ! Tout un monde ! Ronde Montgolfière Comme pleine lune A la Une Du monde! Ce n’était qu’un peu de pain Un peu de pain Encore plus de raison De respecter ce fait marquant et croustillant Toutes saisons des maisons Fleur émotion Membre entière de la révolution Bouclée toujours à l’instant Et coupée en parts égalitaires Pour changer à l’instant l’humeur De l’instant Ce n’était qu’un peu de pain à offrir Mais un pain plein De flammes Qui nourrissait l’âme Et guérissait de leurs blessures Les hommes et femmes en armes De la grande aventure Souvent sans chaussures Un peu de pain Et le temps d’un feu de camp Contre la faune sauvage Et le cruel abattage On déposait armes et bagages Aux pieds des monts Ce n’était qu’un peu de pain … Galette planète des temps forts De la galère, des menottes et du mors Et des femmes guerrières de naguère Un peu de pain La lune, quoi ! Cette étoile du jour Sans laquelle, on était tous, au matin Morts! Fable de La Fontaine J’ai demandé à la fontaine De Sétif, Sein nu Inconnu de La Fontaine De l’autre Rif… ……………. Pourquoi à Sétif Armé de cailloux Un voyou Marteau Pourtant barbu A arraché Au rocher Boyaux Tifs Et joyaux ……………. Gosier à sec d’eau Secouée de terribles soubresauts Et tremblements convulsifs La fontaine, Qui décidément, n’avait plus assez d’eau Ni les mots de La Fontaine Pour exprimer ses maux N’exhala d’abord que tristes soupirs et sanglots Puis, portée par toute l’eau Et toute la peine Accumulée dans ses veines Par la haine Vidant son cœur Sa peine Et sa douleur Coulèrent longuement En flots continus De son sein nu Inondant la terre entière de ses tourments Écoutons-là, un moment ! Sétif, de jour et de nuit Est connue par sa Fontaine Qui ne date pas d’aujourd’hui Et n’a jamais fait de mal à autrui Mais pas de ces animaux… ……………. Moi, qui ne suis que murmure et frisson d’eau Je crois pourtant dur comme fer… Comme ne croient guère les frères … Où ne court que rouille et croît le fer Dans les artères…. ……………. Je crois que les animaux sont nos vrais frères Ils donnent leur cœur à la terre entière Et font du bien Au cœur triste Et pas bien A ce titre Il convient De les aimer d’amour inspiré et sincère Comme les vieilles vivantes Et tendres pierres Qui sont une sorte de Vivifiante Prière… Dans leurs yeux phare Est – ce Hasard ? Il y a sur les bords Comme des traînées d’or En laisse Sorte d’alchimie rare Qui ouvre en quelque sorte Les portes Où s’engouffre avec amour Le souffle du regard ……………. Les animaux De chair, d’esprit et de lumière Eau claire Qui ne pousse guère Dans les cœurs de pierre Qui m’ont jetée la pierre Et au sabre Déchiré mon sein pierre et marbre… Ceux- là, Glabres Amoureux des lacets et trépas Qui tirent à bout portant Sur la lumière Adorent une pierre pourtant ……………. Adorent une pierre pourtant Et arborent haut Le sceau De la prière Au front Mais… contre le beau temps Développant tout le temps Furoncles, soufre, plomb Pustules et boutons en béton Ils font leurs prières… Dans le sens contraire de la terre… Et leurs ablutions à l’envers… Toute l’eau de ma fontaine n’y pourra rien faire Du papier émeri ou de verre Seraient nécessaires. VŒUX De terre en terre Et d’ île en île Par charrettes, Barils Bateaux frisson vapeur Avions cargos Éther Brouettes, bras plein air Plis, messagers du cœur Paniers de toutes les couleurs Corbeilles entières Miel de la bouche même des abeilles J’ai envoyé A tire d’aile Via terres, ciels Mers émeraude et mail arc en ciel Sur les ailes Ruban Eveil Et rondes ailes des hirondelles A la ronde J’ai envoyé Sur du papier magique Et soie Un bijou musique Amour, ferveur azur et joie J’envoie Oui J’ai envoyé ! Une cargaison de vœux Planète fleurs Les meilleurs De l’année Pour bluffer La nouvelle année Afin qu’elle soit ma bonne fée Et que parfumée et emballée Elle me souhaite bonne année Et soit pour des années… Mon amie et celle de mes amis. Vœux..en veux-tu, en voilà ! 365 Marches et paliers et moi Me voici devant le Temple du Temps Des Temps Pliés Comme si j’étais devant vous ! Mon sang bout La vache, mise au clou Va- t-elle brûler jusqu’au bout Nos derniers vassaux Par les deux bouts ? D’une traite De malade Ou de fou J’escalade Quatre à quatre Les 365 marches et paliers De l’année qui naît Au coin de l’âtre Sous un palmier Troncs arrosé de vœux et mots doux Par tous les êtres Encore debout En état … De l’être Quand ils ont un vrai État De peur que sans crier gare Sans audit, ni passation de pouvoir Celle coulée Ne parte définitivement à la retraite Et dans la foulée Emporte dans la tombe À jamais Le plus important ! Le printemps Pieds et poings liés Qui donne pieds et jambes A l’air inhalé Pour mémoire Après toute la poix et la cigue qu’elle nous a forcé avec générosité À boire? Quel poison hideux Nous prépare Avant son départ La vilaine croquemitaine Des plaines Puant cire, plomb Boue et naphtaline Respirant à peine D’un seul poumon Et malgré tout refusant de plier échine ? Quel feu Passion à vivre, lueur d’espoir Belle histoire Subtilisés à l’homme A qui mieux mieux Par ses pairs De zone en zone Et de lieu en lieu Cache t-elle encore aux yeux ? Quoi d’autre ? Feu ? Odeur d’essence et de brûlé ! D’une traite… Peu importe brûlures et bleus Poignets en sang Remontant le temps Je dois de suite, délivrer le printemps Ligoté en marge du temps Et soustraire Aux dents de la vieille sorcière Pour les utiliser au mieux Les hormones du chant Et les graines repère Vert Du beau temps… Génial! Son ratelier usé à mauvais escient Sur les dents du gel Et mauvais temps Volant en éclats Je ne mets pas longtemps A voir que répondant au doigt et à l’oeil A je ne sais quel vile agenda Aiguisant outils Roue, pal, scalpel et bistouri La vielle A aussi appris A envoyer au noir et de nuit Des mails incendiaires A la gloire des attentats Guet- apens, guerres Et coups d’état Et répandu à travers champs Le sang de milliers de colombes Expédiées froidement outre-tombe Pour refus de mener au bal Ses hoquets, râles Et avaient pour changer l’atmosphère Décidé bien au contraire D’en découdre Avec son baroud et sa poudre Son baratin Et son jasmin Franchement Oui , ou non ? Sachant, que je n’ai peur ni de son sel Ni honte face à elle Dois -je me taire Et laisser faire ? Et bien non ! Ou plutôt oui ! Avant qu’elle trouve place dans un musée Je vais lui dire son fait A la gueuse, mauvaise fée Pour tous ses innombrables méfaits Le jasmin contrefait Les rêves défaits Et lui tirer les vers du nez Quel colis piégé, mine anti personnelle Ou nuit qu’on pense à jamais abolie Se mijote sous le ciel ? Ni prison, ni tempêtes Rien ne m’arrête Quand je me mets en tête De dire ses quatre vérités A quelqu’un Qui, du reste, n’en n’est pas un Puisque , il n’en n’a pas en fait une seule de vérité non contrefaite D’ailleurs Interrogez A ce sujet Oiseaux et fleurs ! Interrogez forêts oasis et vergers Qu’ on veut abroger ! Si l’un, même qu’on déplume Vole Et l’autre même dans les pommes Embaume C’est que jour après jour J’ai en vérité plongé Mes mains dans la fiole De l’encrier Vérité Pour le dire en Entier C’est que jour après jour Et au jour le jour J’ai toujours Pour lutter contre le froid Et soigner les plaies Humectés de rosée Et allumé mes doigts En bougies à la fois Aspiré le venin et aspergé Leurs paumes De baume D’amour et de poésie Si je vous dis…vertige ! Devant ma détermination, A ma grande surprise Verte de colère Mais lâchant enfin prise La vieille sorcière Fofolle de déserts et démolitions Desserre crocs et serres Emotion ! Frou frou d’ailes… Tombant du ciel Un vol d’oiseaux, ailes solidaires Se répandit sur toute la terre ! C’est Merveilleux ! Meilleurs vœux ! Meilleurs voeux ! Sans façon et de mille façons ! Meilleurs vœux ! Meilleurs voeux… Faits maison … Les meilleurs de la terre Et de la saison ! Meilleurs voeux! Meilleurs voeux! Amis de tous les horizons ! Malgré arthroses ecchymoses Et guerre Vous n’êtes pas peu de chose ! Pour vous, filles et garçons de la terre Dont on fait moisson Les plus belles roses Mes poèmes les plus chers Qui, pour les beaux yeux du Printemps Osent En grand Les couleurs de la terre. 2018-01-03 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet