Trois nouveaux poèmes de Fatima Maaouia –poétesse tuniso-algérienne –Tunis 8 septembre 2017 Fatima Maaouia Vive le fisc ! Vive le fisc Je paie mes impôts Jusqu’au dernier sou, En raclant comme il se doit Le fond du pot renâclant … Quitte à ce qu’il me morde les doigts de froid S’il le faut…. Ça va plutôt vite Car dans la noire cavité de la cahute A Ali Baba… Ni brut, ni or, De Pérou ou Panama Y dort. Vive l’électricité ! Belle Amphore Qui luit dans la nuit, Miss Fée anti-cécité Des hommes et cités Dont la facture reste au travers du gosier Maltraité… O, vipère ! Dont l’œil aspic Brûle, pique Et ceinture La nature Le courant ne passe guère, Je préfère régler sans commentaire Vous m’êtes si nécessaire Mais vous n’y allez pas du bec de la cuillère ! Vive le robinet Qui met à sec D’un coup de bec ! Sa note salée, coulant comme sirop N’est pas de mon goût Je lave et panse En silence Le trou bée, pendu abîme A mon budget sans rime Bois le calice et règle sans mot Sa note sanglot A Dame des Eaux. Vive l’Assurance Elle m’enfonce ! Je paie sans risque La Multirisques Aléas et maux. La police vie m’ôte la vie Et les avenants. Franchement, Qui trouve ça avenant? Je paie le gaz Qui m’écrase Le téléphone Qui m’affole et aphone La vignette ? Qui me muette ! Le sabot Qui me K.O Vide à tout bout de champs Sans anicroche Mes poches Sans chant Pour honorer sans délai Rançon, taxes location Frais délectation, injonctions Sommations cautions Intérêts et principal, Créance, prêts, dettes et arrérages.. Jusqu’au privilège de regarder défiler A la pâle Télé Leurre, mensonge, peste, choléra, rage Horreur et images sans intérêt ! Bientôt, outre taxes voyage Et péage… Faudra payer le droit de voir le paysage Le droit de dire Non ! Le droit de porter son nom Pendant un an D’avoir son esprit, Et ses dents à cinquante ans D’être sain et bien portant D’arriver à la retraite D’avoir encore sa tête… Pour ingurgiter un bol d’oxygène Devant sa porte Faudra à tout prix Qu’une facture décollant l’ADN Des veines Emporte son prix ! Rubis Sur ongle Bien verni Payer Un semblant d’ombre Durant l’été L’usure de la chaussée de la vie Hallucinée De sorties inopinées… Occasionnées Par des semelles trop impatientes, jarret… Sans arrêt Tenté de forcer les frontières de la planète En cognant à l’aveuglette… Le prix du terrain au cimetière Sera cher Au regard de la paix enfin gagnée Au boulevard des allongés Pour côtoyer nu comme un ver Ses congénères. …La tête me tourne L’employeur réclame ristourne ; Ouvrant avec peine la paupière;;; Alourdie de sommeil: “A boire!” Le cimetière, A corps et à cris Conteste le prix De la tombe: sit-in incapable de servir à rien En vue D’échapper au barbecue Et au mal De l’enfer…en général, De plus en plus éprouvé sur terre Zieuter les couloirs Du paradis Ecouter en paix grésiller les chairs Du côté de l’enfer Pavé de ses pairs, coupables du travers De ne pas avoir payé comptant La vie de consistant En sonnantes et trébuchantes lumières Faut encore soudoyer les diables et cerbères Pour être nutritif Le paradis, Organisation internationale à buts non lucratifs Hors de prix… Exige ticket du marché noir ; Fin de l’histoire.. Sauve qui peut! Sauve qui peut! Qui peut me prêter ses yeux Un moment, Me tracter et m’aider un peu A localiser dans la voie lactée Les moutons, les moutons … Traqués, Enguirlandés, je les voyais tantôt Pourtant, Gambadant, trottinant;.. Sur leurs pattes fines Motte de henné au front Du romarin dans la narine… ils étaient tellement mignons Jouant à saute moutons Les moutons Servant de doudoune, de nounou et de nounours Aux enfants… Je vois bien la Grande Ourse Là haut, Parmi les étoiles Mais aucun petit mouton… Ils ont pris les voiles… Les moutons Jouant à saute moutons Les moutons, les moutons Gambadant, trottinant; Motte de henné au front Botte de romarin dans la narine… On les a roulé dans la farine… Frappés d’un sommeil de plomb Profond Suite à jeux malicieux De fleurets en feu Et lames lisses Leur épaule roulée aux épices Est un délice… Je les voyais tantôt Blancs, sombres et beaux Soubresaut tressautant Secoués de sanglots Sous le couteau… trait sautant Je les voyais tantôt Leur cou glisse sous les dents du couteau Sans…leur petit trot et bêlement De sang bêtement moutonnanteww6 Les moutons, les moutons … Transcendant le temps Après un dernier baiser ils sont passés outre mont Au paradis emportant Entre leurs dents de lait La dernière gorgée d’eau0a Les brins herbe et foin Dans les coins Du gosier De leur peine De leur sang Dégoulinant En grand Sur les plaines… Ils tapissent l’horizon à table Qui sent bon Édredons De laine Et étable Ma plume vaine A la Verlaine Qui saigne Lisse à quatre pattes avec peine Lisse et peigne Leurs plaies vilaines Qui rechignent A la naphtaline Le Couteau Persil, citron, fleurs, Menthe et céleri viennent du jardin Planté de mes mains Nappe de la friperie du coin Le reste avec mon cœur… Du reste …taquin Et imprévisible en diable, Diable ! Le couteau sanguinaire Amateur de chair N’a pas raté la cuisinière ! Danger ! Il ne me vient pas pour rien D’Alger Algérie Brûlure nostalgie Je te dois quoi Encore? T’as même pas de roi Ou de jasmin Comme tes voisins Dont certains politiciens Sans destin En vertu de je ne sais quels desseins Nient même… Être tes voisins En dépit de la mitoyenneté Des veines, des montagnes et des plaines Citoyenneté Hors d’haleine Empêtrée dans les mêmes peines… A croire que tu leur en bouches un coin Ou enlèves à la bouche le pain Ça te fait marrer, hein ? Ce n’est pas mon cas Tu ne m’as rien fait? Et ces coups de couteau, alors ? Plus d’un million de martyrs ne t’ont pas suffit Sans compter les milliers de morts Après? En tout cas Tu ne feras de moi ton en-cas Le droit de sol Du pétrole? Et alors? Drôle de contrôle? J’enregistre Encore Qu’aucune loi Ne te donne le droit A aucun titre De toucher à mon corps A ma liberté ou à ma foi Ni de faire en sorte Dès que je touche un morceau de toi Que le sang en fleuves affleure en moi … Regarde mon doigt ! 2017-09-08 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet