Deux nouveaux poèmes de Fatima Maaouia- poétesse tuniso-algérienne- Tunis 11 juin 2017 Fatima Maaouia Thème… Quand un thème M’intéresse, Je vais à lui sans méfiance, et là, catastrophe! Son âme M’apostrophe, Me presse, me stresse, Veut des vers, Une strophe, Une louche, une cuillère, un container … Aimez-moi! Aimez-moi! Ma plume s’en mord les doigts, Le prend par la douceur Pour qu’il livre sa fleur, L’inspecte de tous les cotés, A l’envers, A l’endroit Avec amour et doigté, En noir, en blanc, En couleurs A moi il se pend. Finalement c’est les couleurs De mon âme Qui crament, Que le pervers prend. Voilà pourquoi Mes textes sont si longs. Je cisèle et cisaille, Cisaille et cisèle Un bout d’ailes, Un ton plus haut Pour l’or d’un mot Et échapper aux bisous De ce fou. Je le coupe en morceaux A la truelle, au marteau, Au buldozer De l’air! Ses os craquent sous les coups Pustules, cors, verrues, mots de trop Et mauvaise peau Volent en l’air. Je ramasse les copeaux Un jour s’ils sont prêts à renaître J’en ferai d’autres mots peut être Ouf! Avec quel art Et ses yeux doux Le salopard A faillit m’avoir ! Boîte à lettres Lorsque il m’arrive de passer devant une boîte à lettres, Je ne peux empêcher mon cœur de battre Et de m’arrêter tout de go. Évidemment Ce n’est pas toujours pour le vieillot Ou art déco de leur peau Que j’aime beaucoup Mais plutôt pour tout ce que de porte en porte Ces silos, paumes jour et nuit Ouvertes sur la vie Portent De Beau En dépôt Dans les entrepôts. Quand personne n’est là pour me zieuter, Il m’arrive même de jeter un œil. Oh, pas pour violer leur intimité Mais pour savoir Si elles font bien leur travail Qui est de recevoir Le plus grand nombre d’invités Personnes humbles et modestes D’émotion ointes Ou en habits de fêtes Parfumés Et grandes toilettes Soulignées à l’encre violette. Je m’imagine alors Qu’elles sont pleines à craquer De paquets De lettres. Mais visiblement, de nos jours A part politiciens retors Et hommes d’affaires Les boîtes à lettres Boitent et ne font pas d’affaires Ni même les hommes et femmes de lettres D’ailleurs Les êtres ont bien du souci A se faire Leurs mots sont remplis de rassis. Faut admettre Qu’ils ont d’autres chats à fouetter Que mettre Leur mal Dans des lettres Et cartes postales. Ça ne va pas le démettre. Oui, visiblement à l’intérieur, Des boîtes postales Si d’aventure, Il y a encore quelque chose Ce n’ est ni fleurs, Ni billet doux qui ose Faveur Bleue Ou ferveur Rose, Ni gravures, Calligraphie ou enluminure A la feuille d’or Et ça fait mal. Seuls en général Y affleurent Toutes griffes dehors Prospectus, rappels d’impayés Et dernier avis poursuites Qui déjà quoiqu’il arrive Vous poursuivent Vif ou mort Et vite! Et puis des factures Colis de la peur Avec une drôle d’odeur Votre nom grimaçant Langue dehors Comme si vous étiez un coupable menaçant Parce que vous n’avez pas d’or Ce qui amplifie encore Votre mauvaise humeur Et absence de miel Que vous allez Épandre Et répandre En allées universelles Où le fiel ruisselle Dans vos posts et e-mails Qui ne portent même pas de timbres Puisque tout le monde est timbré 2017-06-11 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet