Le fou par :Fatima Maaouia – poétesse tuniso-algérienne –Tunis 4 mai 2017 Fatima Maaouia Je l’ai vu dans ce cimetière Où la lumière tombe sans arrêt Sur les tombes alignées Où fragilité, ailes repliées Dorment sans répit Dorment à jamais A poings fermés Les êtres aimés, Pièces détachées Pour germer Dans ce grand dortoir A ciel et chagrin ouverts Des êtres disparus qu’on dit chers Quand ils ne valent plus un radis. J’ai vu dans ce cimetière Où la vie pas fière, genou plié Met pied à terre Là où s’étalent sans manière Tant d’horizons et d’histoires En plan horizontal Là où à la terre égal Qui s’en fout pas mal Où même les pierres tombales Ont mal. Dans ce cimetière, mélangeant à l’infini Chant de blé, grain de vie, argile qui se rit Des tempêtes et rets Là où sous la dalle L’Être pièce florale Pétales De fané et de peine parfumés A fait la malle Finit d’être… Je l’ai vu ce grand diable roux Tête au vent Fou Dont la raison s’en est peut être allée Loin de tous les casiers Glissant comme une ombre Sautant d’allée en allée. Allez! Ça va aller! Invectivant les gisants Respiration inhalée Conjurant le néant Et de tombe en tombe Injectant Pluie de prières, d’étoiles, de vers Et d’eau de fleur d’oranger Pour déranger Et barrer la route au pâle et à l’oubli Qui jamais lui, ne pâlit Herbe folle qui envahit la vie Et dont les baies Or ranci mord franc et arbi Poète, prince maudit Le vent m’a dit Ton but dans la vie : Résister aux poussières et à la lie A commencer par rappeler à la vie Tous ces êtres barrés par la vie Sanctionnés par l’absence de mouvement et de lumière Candidats au paradis ou à l’enfer Qui sans visa ont gagné d’autres terres. 2017-05-04 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet