Je souffle dans le cor par : Nwal Al-Ghanim – poétesse irakienne résidant à Disney (Australie) 3 mai 2017 Nwal Al-Ghanim Je souffle dans le cor. La résurrection se lève de sa place. Le chameau se tenant debout sur la colline Met pied sur terre Et laisse sa place à l’attente. Le ciel transparent ouvre ses portes Et jette les bouquets de fleurs Sur les cadavres meublant le paysage de pleurs Depuis que nous avons sculpté dans le rocher La forme de la grosse aiguille, Ce pays est poursuivi par les incendies. Même les cornes des daims ne séduisent plus les biches, Étant donné que dans la forêt Un Autre en fabrique Des étuis pour les couteaux. Je souffle dans le cor. La terre renonce à son ampleur Pour réserver une place Aux oiseaux que le battement d’ailes a épuisés. Les pieds-nus que Gilgamesh A laissés épris de la puissance de l’eau, Le dieu a tourné le dos à leurs enclos Et le déluge les a alors happés. Les merveilles qui se sont émiettées tel le pain rassis Entre les doigts d’Eve Lorsqu’elles appâtaient le péché, S’émiettent encore entre nos doigts. Les chevaux font encore route vers les razzias. Les paniers de dattes Sont encore écrasés par les voitures Montées par les archers. Les poèmes se dévêtissent encore De leurs chemises sur les sabres Et meublent leurs tournants sur les cous Avec les lampes. Je souffle dans le cor. Les gens se lèvent A travers les trous des mots Et laissent derrière leur parcours Un fil de lamentation. La mort leur crée une autre forme, Une forme pareille à un panier de pommes Écrasé sous les pieds. La poussière des razzias s’envole devant Et derrière nous. La poussière des razzias s’envole. Nous ouvrons le livre. Les razzias se lèvent entre les lignes. Les gens se lancent des appels, se bousculent. L’impôt devient semblable à la nuée d’Aaron. La terre résonne de cimetières Pleins de chômeurs de combat. L’oiseau de sang qui a rempli notre imagination De ses battements, Se pose encore sur nos maisons Pour meubler son ancien nid Avec ce qu’il recueille. Je souffle dans le cor. Le paysage se fragmente dans le miroir. Je m’inonde la main dans le fleuve de musique. Le pollen de la résonance la mouille. Des violons poussent sur mes doigts Tandis que le gémissement des flûtes Fait sa traversée au dessus d’eux. Le même gémissement, Les mêmes traits, Son pantalon, Sa chemise, Sa lamentation sur les vestiges du campement Au moment où il dispute au chameau L’ampleur de la colline. 2017-05-03 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet