L’agression de la création par: Abdellatif Bhiri –poète marocain – Safi –Maroc 24 janvier 2017 Abdellatif Bhiri « Qu’y a-t-il de plus fascinant et de plus inquiétant » (Mohammed Khair-Eddine) que le paysage culturel marocain ? Fascinant, vous n’avez qu’à vous rendre au dernier Salon International de l’Édition et du Livre pour vous en rendre compte. Vous serez certainement subjugués jusqu’à l’étourdissement par la profusion des publications nationales et des séances de signatures qui égayent des stands naguère archi-vides. D’aucuns, se réjouiront de cet heureux constat. Cependant d’autres, plus sceptiques, s’en inquièteront… Il n’est pas ardu de constater, non sans une certaine amertume, que la « chose culturelle » au Maroc souffre de disparités très flagrantes. Si l’on excepte celles qui sont strictement subjectives, il existe bien d’autres qui sont organiques et découlent d’une certaine fébrilité politique. En effet, d’une part le paysage culturel national semble se restreindre aux mégapoles (Casablanca et Rabat) au moment où l’on assiste à de menues « activités » sporadiques dans les autres régions du royaume. D’autre part, on a le droit de nous interroger non pas tant sur la quantité que sur la qualité des dites activités… Il ne passe presque pas de journées où on n’organise pas des manifestations culturelles dans les grandes villes. Mais, sait-on jamais si ce qui s’y dit, ce qui s’y écrit, ce qui s’y expose ou ce qui s’y écoute est digne de l’être ou pas ? De plus et proximité oblige, on remarque un phénomène très étrange, celui de retrouver les mêmes groupes de personnes qui déambulent d’une manifestation à une autre dans la même journée. On dirait qu’ils sont dotés d’ubiquité ! Ce phénomène est encore très aggravé par un esprit de clanisme, une fallacieuse solidarité dans la médiocrité, qui nuisent plus qu’ils n’enrichissent le champ culturel. Je ne sais par quel stratagème, du jour au lendemain, une fourmilière grouillante d’ « auteurs » surgit de nulle part, comme par enchantement ! Les commentaires élogieux des réseaux sociaux ne font pas de vous, nécessairement, un bon ou un mauvais écrivain. Ce rôle incombe essentiellement aux instances compétentes qui sont, malheureusement dans une léthargie pathologique. Nous souffrons lourdement du manque d’une vraie critique littéraire et artistique à tel point que l’on peut recenser plus de trente millions de marocains qui sont des experts en tout et en rien. Mais à qui profite ce flou épais, ce brouillamini ? Au fait, à deux catégories de « créateurs » : La première englobe des gens qui sont tellement imbus de leur vanité qu’ils se croient déjà des génies. La seconde, en plein amalgame, comprend les gens qui se disent pourquoi pas nous aussi ! C’est dire que l’avenir de la création au Maroc se porte à merveille ! Il est en bonne « santé artificielle » 2017-01-24 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet