Depuis deux morts et une résurrection par : Touqa Al-Morsi- Domiat -Egypte 16 octobre 2016 Touqa Al-Morsi Depuis deux morts Et une résurrection … J’ai enseveli mon cœur Dans le tronc d’un arbre totalement nu A part les larmes Et chaque fois que je passe tout près de lui, Je jette deux douleurs …et une rose ! L’arbre que les roses ont blessé Devint une cage …pour les oiseaux… Les oiseaux qui avaient tant picoré de mon cœur L’amour et les grains… ! Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor : Le mort, citée dès le premier vers sous la forme d’un duel, peut être considérée comme le thème d’une isotopie principale comprenant les quatre mots suivants avec toutes leurs connotations affligeantes et désolantes : « ensevelir », « nu » ( nudité de l’arbre à l’opposé de sa luxuriance ), « larmes », « douleur » et « blesser » .Et cette mort qui est à la fois celle de la locutrice et de l’arbre, est clairement, pour la première, d’ordre spirituel ,d’abord parce qu’elle en parle après avoir quitté le monde-bas, ensuite du fait que la mort en question touche tout particulièrement le cœur ( j’ai enseveli mon cœur ) qui est le foyer de la vie intérieure. Il en est de même pour l’arbre qui est de cette même nature bien qu’il ne le soit que symboliquement ,étant donné qu’un arbre décharné représente universellement un dessèchement spirituel , ensuite sa transformation en cage est perçue comme une continuité dans la négativité puisque la cage a le même sens que la prison . D’autre part , la présence d’un seul arbre devant nous dans un rêve effectif ou éveillé est généralement une projection de nous mêmes , ce qui signifierait ici que l’arbre et la poétesse ne font qu’un .Et c’est ainsi que lorsqu’ils étaient vivants , la poétesse était une source de nourriture spirituelle et d’amour et l’arbre un espace de liberté, lesquels se sont évaporés après leur mort . Avec cette métaphore filée, complexe et admirablement ciselée, l’auteure a brossé un tableau obscur et émouvant de l’état d’âme du poète arabe ,en général, en cette phase critique que traverse le monde qui l’entoure . 2016-10-16 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet