Le gentlemâne par : Mokhtar El Amraoui -Bizerte –Tunisie 11 octobre 2016 Un riche sultan, passionné de baudets, A déposé sur la tête chauve de son âne, Une couronne de fleurs bien triées. Sur ses joues grises, Il lui a mis de la poudre rose. A son court cou, il a pendu La canne d’un ancien lord déchu Qu’il avait louée d’un musée. Il a parfumé sa queue noire D’une senteur de Paris, L’unique pour les grands soirs ! De la paille, il n’en voulait plus ! Il a dû lui servir un breakfast anglais, Du thé aux amandes Et un narguilé de pacha bien parfumé. Il lui a taillé, Comme il le lui avait demandé, Les moustaches en cornes de taureau. « Mes nostalgies andalouses ! » s’est-il écrié, En battant, de ses sabots, Sur le marchepied de son carrosse, Olé, La mesure de quelques pas de flamenco ! Seul un ample manteau A pu dissimuler, tout de go, Les errances de sa cinquième patte, le zigoto ! Après de longues veillées, Un mélomane zélé a pu tirer, De ses braiements saccadés, La tonalité ironique des sirènes Des bateaux chargés D’huile et de blé bradés ! Il a dû lui apprendre A compter l’argent, Dans toutes les langues du vol, A lire l’heure, tout le temps, Sur les glaives décapitants des tyrans, A prendre, malgré ses rires de comédien, Des airs césariens, A plaisanter à la Hollywood, En mâchant du chewing-gum Et brayant “home sweet home” Devant l’explosion d’une bombe atomique Américaine, au petit matin Ou la tête tranchée d’un bébé palestinien Qui n’y est pour rien ! Croyez-moi, Ses efforts, l’entêté, n’ont pas été vains, Car son âne s’est métamorphosé en gentlemâne ! — 2016-10-11 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet