J’aimerais bien que la terre tombe entre mes mains par : Souad Loulidi –Larache –Maroc

Souad Loulidi

J’aimerais bien 
Que la terre tombe entre mes mains
Pour la cajoler
Et apaiser son chagrin,
Orner ses jardins
De roses et de jasmins ,
Parfumant de bonheur
Tout son chemin.
J’aimerais bien 
Que la terre passe la nuit
A mes côtés
Comme elle l’était,
Entre mes bras
Serrant de ses petites mains
Mon sein .
Apeurée de se réveiller seule
Et de se perdre dans la foule.
J’aimerais dessiner sur ses lèvres
Un sourire éternel
Pour une mélodie universelle
Et lui chuchoter à l’oreille 
Combien on l’aime.
Je veux écrire sur son front 
Avec mon sang
“Ne touchez pas à mes enfants”

Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor :

Souad Loulida est une autre découverte de notre revue « Culminances » après les poètes bien doués Mokhtar El Amraoui, Laura Mucelli Klamm et rémy Ducassé .Les poèmes qu’elle y a publiés n’ont pas seulement obtenu  l’approbation de notre comité de lecture mais aussi suscité son admiration  comme ce poème-ci qui mérite d’être lu  à une grande échelle et commenté.

Conçu sous la forme d’un souhait, il répond, en réalité, à un grand rêve que nourrit une élite d’intellectuels de plus en plus nombreuse à travers le monde et qui consiste à voir un jour l’humanité toute entière unie et solidaire dans un climat de  fraternité, de tolérance et de paix .C’est le rêve de l’universalité ou de l’universalisme qui se pose comme l’unique horizon pour une humanité constamment déchirée par les guerres et devisée par les intérêts et les  haines gratuites.

Partant de cet arrière-fond intellectuel très ambitieux, la poétesse a généré une image inédite : l’embrassement affectueux et plein de tendresse du globe terrestre ,tantôt en le  traitant comme un lieu (orner ses jardins ), tantôt  en le personnifiant (apaiser son chagrin – dessiner sur ses lèvres – lui chuchoter à l’oreille  – écrire sur son front ).Puis elle a exploité cette même image pour exprimer le vœu qu’elle nourrit à son égard , à savoir le débarrasser de ses malheurs et le remplir de bonheur.

L’ultime image traduit sa profonde préoccupation vis-à-vis des millions d’humains qui sont en tout temps et en tout lieu victimes d’oppression, de persécution et de violence(Je veux écrire sur son front/  avec mon sang/”Ne touchez pas à mes enfants”).

Un poème fortement empreint de spontanéité et  écrit dans une langue imagée et expressive .