Fils de l’Immonde par : Nwesla Biyong– Douala-Cameroun 15 septembre 2016 Nwesla Biyong Il n’y a plus d’amour Ni pour la morale ni pour la justice En l’être contemporain La ruine en maraude est une machine implacable Qui biaise gruge brise puis broie tout Transforme l’anormal en mortelle norme D’étranges tranches de nuit Infectent ce jour éteint où L’espoir à la voix cassée déchante Les délires des fils de l’Immonde Ont de longues mèches gluantes Qui agrippent proches et passionnés De curieuses ventouses aux extrémités Aspirent lucidité et bon sens Aucune goutte de l’essence vitale n’est épargnée Les corrompus ont le cœur à l’outrage Mener à la dégénérescence tout ce qui reste d’humain Que la putrescence en leur sein emplisse le cosmos ! Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor : Avec le poète camerounais Nwesla Biyong , nous avons affaire , comme d’habitude ,à la poésie de réflexion, à travers laquelle, il pense ce qu’on appelle aujourd’hui le “Sud” et qu’on dénommait auparavant le “Thiers-monde” ,dans sa relation avec les pays riches du Nord. Nous parvenant directement du cœur de l’Afrique, cette voix éprise de justice et sensible aux inégalités humaines entre, dès le début, dans le vif du sujet : tous les maux du monde actuel et surtout des pays pauvres proviennent d’une même source : “l’être contemporain” que le poète ne daigne même pas qualifier d’ « humain », se contentant de ce mot “être” qui désigne expressément ce qui existe et non ce qui vit. Et la cause de ce déplorable appauvrissement est que l’homme qu’il était s’est vidé de son essence naturelle dont parlait Rousseau(1712 -1753), et ce, par son assujettissement maladif à ses pulsions barbares dont surtout l’amour des biens terrestres qui a fait de lui un corrompu prêt à piétiner toutes les hautes valeurs humaines pour une poignée d’argent. Bien entendu, le poète ne parle pas seulement des petits corrompus de tous les jours mais, en premier lieu, des chefs des grands trusts qui dominent la planète et qu’il qualifie de « fils de l’immonde », ceux qui, toujours insatiables et poussés par l’esprit de profit, étendent les tentacules de leurs multinationales jusqu’à tous les coins de la planète pour ne laisser aucune source de richesse même minime hors de leur portée .Et pour faire perpétuer à l’infini leur domination exploitante , ils ont façonné à leur image une anti-culture proprement dite destinée à la digestion , s’adressant au instincts de la foule et ne véhiculant aucun idéal humain . En un mot, ce poème se présente comme un cri dénonciateur de l’ordre mondial qui n’est , en son essence, qu’un grand désordre et dont les principales victimes sont les peuples du sud dont les Africains . Sur le plan du style, l’auteur exploite à fond , au niveau des images, l’esthétique du laid conformément à la fameuse phrase de Paul Gauguin : « 1848 -1903 Le laid peut être beau, le joli, jamais ».( biaise gruge brise puis broie tout – étranges tranches de nuit Infectent ce jour- les délires des fils de l’Immonde ont de longues mèches gluantes qui agrippent proches et passionnés de curieuses ventouses aux extrémités aspirent lucidité et bon sens). 2016-09-15 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet