Quand tu sauras par : Elena Martinez – poétesse hispano-canadienne- Montréal- Canada 1 juin 2016 Elena Martinez – poétesse hispano-canadienne- Montréal- Canada Amour, quand tu sauras que mon cœur a fini Sa course aventureuse au pays de douleur et de bonheur Ayant tant désiré, tant aimé, tant béni S’étant épanoui comme le bouton en fleur Amour, quand tu sauras qu’on a fermé mes yeux Aux beautés de la terre, à l’amour, au soleil Qu’ici-bas, il ne verra plus les cieux Ce regard clair à l’aurore pareil Et lorsque tu sauras que mon âme, jamais Ne s’étonnera plus, ayant enfin compris Ne pleure pas sur moi, même si tu m’aimes Pleure seulement sur ce qu’on m’aura pris Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor : Ce poème retient surtout l’attention par cette longue tirade insolite que la locutrice adresse à un allocutaire incorporel :l’Amour. Et elle est insolite parce que dans ce thème, l’amoureux communique d’habitude avec l’être aimé soit qu’il est présent ou absent, qu’il est réel ou imaginaire et non avec la relation abstraite qui les lie .Un deuxième élément inaccoutumé dans ce discours est l’absence de tout indice à l’Aimé , ce qui porte à croire que l’Amour dont il est question ici n’est pas l’amour sentimental ordinaire entre une fille et un fils d’Eve mais l’Amour au sens le plus vaste que le poète tunisien Aboulkacem Chebbi (1909 -1934 ) a bien décrit dans son fameux poème « Le cœur du poète » où il a considéré le cœur du vrai poète comme un contenant qui renferme l’univers tout entier. Ce qu’affirmeraient les vocables suivants dans le texte ci-haut : « Aux beautés de la terre, à l’amour, au soleil ».Si cela est vrai, la poétesse appartiendrait donc à la lignée des romantiques qui aimaient tout , qui avaient le cœur grand ouvert sur le monde et l’humanité et ne haïssaient que la haine. Mais un autre point commun qui n’est pas malheureusement aussi positif semble la rapprocher également d’eux, c’est le désenchantement total auquel la plupart d’entre eux étaient parvenus à la fin de leur parcours et qui les avait fait quitter le monde d’ici-bas pleins d’amertume et de regrets. Ce qu’elle formule à son tur clairement et douloureusement dans ces vers : « Et lorsque tu sauras que mon âme, jamais/ Ne s’étonnera plus, ayant enfin compris/ Ne pleure pas sur moi, même si tu m’aimes/ Pleure seulement sur ce qu’on m’aura pris).Et c’est ainsi le destin tracé du poète :il passe sa vie à aimer tout ce qui l’entoure mais il ne rencontre en contrepartie que la mésestime et l’ingratitude. Un poème typiquement romantique teinté d’existentialisme et fort originalement conçu .Bravo Elena ! 2016-06-01 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet