Rimesif à étendre …suivies de rimailleries espiègles par : LYDIA CHABERT-DALIX – POETESSE FRANÇAISE

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LYDIA CHABERT-DALIX – POETESSE FRANÇAISE

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Je voulais voyager vers ailleurs, légèrement. Libellule.

Tu étais voyeur, sans bagage autre qu’une cellule

Dans laquelle tu enfermas ton œil de génie.

Mouiller le drap jusqu’à la moelle, tordre mes fibres

Voilà ce que tu exposas aux marches des Gémonies.

Te rincer l’œil celui du noir du pire et du Tibre.

La rivière refusa l’impavide, l’implacable. Papillon.

Tu voulus taire les mots fleuve, bruyants brouillons

Dans lesquels j’avais bouclé une bouillonnante tendresse.

Mousser le vert des rives jusqu’à la bière, rougir ma peau

Voilà ce que tu offris en guise de cercueil à mes caresses

Me mettre en boîte sans oripeaux.

Remonter le lit, défaire le drap, taire l’émotion,

Censurer les dérives, l’histoire est dite, les dés-mots sont jetés sans barque à l’horizon.

Démons.

Nous ne partirons plus ensemble ni en cendres.

Pourtant, l’air de rien, me sied plus la braise que la baise, le sais-tu ?

Je suis lessivée.

Les bonzes amis, moines austères du monastère ne s’enflammeront plus.

Et rond et rond petit pas à Pont.

Libellule et papillon trois petits tours et puis s’enfoncent.

Bons amis dis-tu ?

Oui moi non plus. Il y a un cimetière, près de la rivière.

Et une chaise vide.

Chut… nous pourrions tomber.

Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor :

 

Présente dans cet espace depuis 2011, la poétesse française Lydia Chabert-dalix (dalix avec un “d” minuscule comme elle l’écrit elle-même) dont les écrits poétiques sont très espacés dans le temps, contrairement à ses récits de voyage et ses chroniques journalistiques nous gratifie chaque fois qu’elle publie un poème d’un texte  méticuleusement élaboré où le thème est toujours nouveau et chaque mot est rigoureusement choisi et strictement irremplaçable comme  celui qu’elle nous propose aujourd’hui et qui en dit long sur l’effort qu’elle a fourni pour le finaliser.

A prime abord, ce poème a été généré d’un noyau sémantique binaire constitué de deux notions symboliques opposées : Libellule par laquelle la locutrice se définit (Je voulais voyager vers ailleurs, légèrement. Libellule.) et Papillon avec lequel elle désigne un « tu » apparemment très proche  (mari ou amant ou ami…)mais dont la relation avec elle est tendue et conflictuelle.

D’autre part, les nombreux indices que l’auteure a semés tout au long du poème  montrent que l’atmosphère d’incompréhension qui règne entre  la locutrice et ce « tu » est psychologique  et qu’elle consiste en une incompatibilité totale entre une image du couple  à laquelle le « je »aspire et celle qu’il vit dans le réel.

En tant que libellule, la locutrice se caractérise par des traits de personnalité uniquement positifs (l’émotivité, l’attachement à la nature, la joie de vivre, la légèreté d’être …). Quant à ce  « tu » sur lequel elle s’est acharne du début jusqu’à la fin du texte, il apparaît  comme réunissant tous les vices du monde (grossier, borné, agressif, érotomane, voyeur…), ce que ne connote point étrangement son appellation de « Papillon ».Et le résultat de cette contradiction d’humeur est fatal ( Il y a un cimetière, près de la rivière. /Et une chaise vide. ).

Sur le plan du style, la symbolique très poussée utilisée  dans ce texte si elle ne facilite pas à tous les lecteurs l’accès à ses structures profondes, elle encourage, en revanche, les connaisseurs et les avertis d’entre eux  à participer à son élaboration par le biais de l’interprétation et le remplissage des cases vides. Un très bon poème Lydia !Bravo !

 

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