Pleut-il vraiment Monsieur soleil ? par : Bernard Fouché ( le Berger) – France 29 avril 2016 Bernard Fouché – France Pleut-il vraiment. Monsieur soleil. J’ai acheté des crayons de couleur Il pleut,je dessine un soleil Il n’y a pas d’enfants Je dessine un manège Il se remplit peu à peu Il n’y a pas d’amour Je dessine des amoureux Avec un cœur dans leur dos Il n’y a pas de voiture Il n’y a pas de bruit Il y a trop de béton Je dessine des arbres Roses, bleus, verts, Il n’y a pas de saison Je dessine des parterres de printemps Les gens sont seuls Je dessine des animaux Des chiens, des chats, des pigeons Il n’y a pas d’amis Je dessine une table de Roi Et des verres en carton Pour noyer la solitude Le vent se lève Et efface la feuille Je redessine un soleil Des enfants Des arbres Des animaux Des amoureux Des amis Je veux bien lui ajouter un petit nuage À condition qu’il me sourît… Le Berger Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor : Comme à son accoutumée, le poète français Bernard Fouché s’attaque aux questions les plus brûlantes relatives à la situation de l’homme d’aujourd’hui .Et celle qu’il choisit de traiter cette fois est le sentiment d’insatisfaction qui ronge l’individu en raison de la solitude à laquelle il fait face au sein d’une société de plus en plus déshumanisée .Néanmoins , si cet état peut dégénérer chez l’homme ordinaire en un cas pathologique et plus précisément vers la frustration que les psychologues définissent comme « une réponse émotionnelle à une opposition » et qui se caractérise par la colère et le sentiment d’injustice, lesquels peuvent ébranler tout le système affectif de l’individu, les artistes, eux, et le poète en est un, du fait qu’il dessine et peint avec les mots, sont en mesure d’en venir à bout grâce au monde imaginaire compensatoire foisonnant de rêves qu’ils se créent avec les formes, les couleurs, les sons ou les mots .Et c’est ce à quoi s’est adonné notre poète tout au long de son texte où il s’est efforcé de combler les éléments vitaux qui lui manquent dans son entourage (Il n’y a pas d’enfants – Il n’y a pas d’amour – Il n’y a pas de voiture – Il n’y a pas de bruit – Il n’y a pas de saison – Il n’y a pas d’amis )en les dessinant (Je dessine un manège/ Il se remplit peu à peu – Je dessine des amoureux – Je dessine des arbres /Roses, bleus, verts – Je dessine des parterres de printemps – Je dessine des animaux/Des chiens, des chats, des pigeons – Je dessine une table de Roi…).Mais le poète n’est peut-être pas conscient que cette tendance enfiévrée à s’évader du vide imposé par la réalité stérile et insipide cacherait un retour nostalgique à la matrice de la mère que les psychanalystes assimilent à un paradis perdu et en même temps un besoin de vaincre l’inquiétude existentielle qui dévore tout humain en constatant qu’ « il est de trop » dans un monde qui existe indépendamment de lui, d’où cette inclination à se créer un monde imaginaire pour se donner l’illusion qu’il est lui-aussi créateur . Côté style, ce poème se distingue surtout par la simplicité de la langue utilisée et le jeu ludique mis en œuvre emprunté au langage des enfants, tout en étant doté sur le plan sémantique de dimensions profondes.Un bon poème Bernard bravo! 2016-04-29 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet