Poème du jour (Nouvelle série) no 63 : Parfum par: Mohamed Bouhouch – Tozeur – Tunisie 24 avril 2016 Mohamed Bouhouch – Tozeur – Tunisie Prologue: « C’est la flamme de l’Amour qui m’a embrasé, /c’est le vin de l’Amour qui m’a inspiré, / veux- tu savoir comment saignent les amants ? / Ecoute, écoute le roseau. » Jalaleddine El – Roumi. Une femme dans ma nuit Une femme de lune, m’éblouit Nue comme la neige, sans bruit… Désir qui coule à flot, et s’arrête Surgit pour moi dans ma tempête, J’invoque la foudre guerrière J’appelle le sang, et le tonnerre, Et je pousse un cri de l’âme Pour qu’elle s’enflamme… Une femme en robe de nuit, Allume la cire de mes bougies, Dépose son parfum, Dans tous les coins. Une femme sous les ailes du rêve, Fait ses prières, mais l’aube se lève Puis tout s’enflamme, Et meurt dans l’oubli. Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor: Quelle est cette femme inconnue et énigmatique que le poète voit sous des aspects oniriques nébuleux différents effleurant le mythe (une femme dans ma nuit – une femme de lune – nue comme la neige – une femme sous les ailes du rêve ) et qui n’a presque rien de la femme ordinaire en chair et en os, à part cette seule référence vague à la robe (une femme en robe de nuit ) ? En vérité, son allure brumeuse laisse à penser qu’elle se trouve à l’intérieur du locuteur et non dans le monde matériel et objectif qui l’entoure. Elle a effectivement tout l’air de ce côté féminin qui fait partie intégrante de tout individu de sexe masculin et que les psychanalystes appellent « Anima » par opposition à son côté purement masculin qu’ils nomment « Animus » . Et cette présence féminine à l’intérieur de la psyché masculine n’est, en réalité, qu’un résidu inconscient de l’image lointaine de la mère enfouie au fond de la mémoire et qui émerge à la surface de la conscience chaque fois que les atrocités de la vie s’intensifient. Il ne s’agit donc probablement que d’une projection de cette image lointaine à l’extérieur du moi dans l’espoir de s’alléger du fardeau des frustrations et des inhibitions. Ce qu’appuie fortement la notion de parfum apposée intentionnellement dans le titre et qui est typiquement féminine. Côté style, le poète, au bout un effort d’abstraction très soutenu et grâce à sa culture soufie approfondie, a réussi à élever sa langue à un haut degré de poéticité. 2016-04-24 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet