Poème du jour( nouvelle série ) no 62 ! : Rien ne transpirait du ciel par: Claude Donnay – Dinant -Belgique 23 avril 2016 Claude Donnay – Dinant -Belgique Rien ne transpirait du ciel Dieu dormait dos tourné à la terre Dans la maison éventrée Les mots soutiennent les murs Sentinelles de lèvres tremblantes Rien ne troue le silence Que ce chant venu des ventres Pour nourrir les pierres blessées Et les mots drapent la nuit Et la maison redresse le front Coquilles vides les mains Mais les bouches Apprivoisent le ballet des drones Une rafale de mots découpe un pan de ciel Pour tailler à l’enfant sa robe d’errance 16/04/2016 Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor: Les rapports qu’entretient le poète avec le monde a toujours été et restera, sans doute, toujours une source de questionnement et de réflexion, du fait que la poésie de par sa subtilité, sa forme esthétique raffinée, son émanation du tréfonds de celui qui la cultive constitue le niveau du langage le plus élevé, tout en demeurant, bien entendu, en dessous de la parole de Dieu révélée par les prophètes aux hommes. Et de cette problématique qu’aucun poète ne manque de poser même une seule fois au cours de son parcours a été justement généré le poème que nous lisons aujourd’hui. Voyons comment son auteur s’y a prit pour la traiter .Armé de la sensibilité aiguisée que nous lui connaissons, il a atténué les détails mis en œuvre à l’extrême, en se contentant d’énoncer les éléments réellement pertinents. Ainsi, la relation entre le poète et l’univers a été conçue sous la forme d’une opposition nette entre, d’un côté, la vastitude illimitée de l’espace dénotée par le mot »ciel »( 2 fois) et, de l’autre, l’amenuisement du Verbe en tant que support du fait poétique en le réduisant à un phénomène phonique (Les mots 3 fois – chant ) et l’appareil phonatoire qui l’émet (lèvres tremblantes – les bouches – chant venu des ventres ). Quant à l’égo du poète duquel émane le fait poétique bien qu’il ait été laissé formellement dans l’ombre, sa présence implicite demeure cependant très forte du fait qu’il constitue la cause nécessaire du fait en question. Et la preuve en est que tous les éléments cités dans le poème concourent à renseigner le lecteur, d’une par, sur les difficultés d’expression qu’il endure devant le silence de l’univers (Rien ne troue le silence que ce chant) et, de l’autre, sur le miracle bienfaiteur et constructif que le fait poétique est capable de réaliser (Les mots soutiennent les murs – ce chant venu des ventres pour nourrir les pierres blessées – Une rafale de mots découpe un pan de ciel ). Ce qui place l’auteur de ce poème ,dans un certain sens, dans la lignée des existentialistes optimistes qui croient que l’homme est son propre maître mais sans qu’il ait ici l’intention de changer le monde car son vrai destin est de poursuivre son chemin dans la rêverie et l’errance. Un poème profond, finement ciselé et écrit avec une grande délicatesse ! 2016-04-23 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet