La symphonie errante par : Mokhtar El Amraoui –poète tunisien –Bizerte – Tunisie 9 février 2016 Mokhtar El Amraoui –poète tunisien –Bizerte – Tunisie Je cherche mes rallonges telluriques, Mes incommensurables sphères Dans les dilatations de l’exil, L’ombre ivre de ma soif Dans la sècheresse de l’arôme somnambule. Je cherche mes imprécations Creusant les sillons du retour Contre les serres des vautours, Ton ombre aux aguets De cet éveil cinglant Erection du soleil A la symphonie errante du dromadaire ! Je cherche le râle éclaté De mes vertèbres lyres en délire, S’étouffant de leurs notes déportées, Mes soupirs tonnant de bleus fuyants Dans l’inatteignable voyage De ce papillon qui s’éreinte En poursuites trébuchantes, Au-delà de ses rêves brisés ! Je rêve de comètes, D’astres flamboyants, De méduses lunes Ouvertures transparentes Des inextinguibles profondeurs ! Je rêve, muet, Dans la soif de tes pas, Sur les sables du voyage Auquel je t’invite vers les prairies rouges Et leurs feux bleus ! Ô muse de mon départ ! Astre scintillant Sur les lèvres ouvertes des vagues ! Il n’y a plus de toits ! Pluie d’encens rouge Sur tes seins embaumés Dans le linceul de l’extase des rencontres crépusculaires ! Viens de mes reviens fatigués ! Je te prêterai les ailes immaculées De mes Icare exilés. Je te montrerai L’axe de l’impact pluriel, L’agonie du cogito carnivore, Ce manteau d’erreurs spectrales ! Viens ! Accroche-toi aux tiges sans amarres De cette forêt éclatée ! Reviens de mes viens Qui valsent dans l’aube Des intraduisibles fermentations ! Nous écrirons la grandeur du menu moineau Echeveau des sens triangulés ! Cet azur qui nous appelle Nous retrace dans nos fibres de nouveau-nés ! Reviens Au commun des immortelles mésanges assoiffées. Je te composerai, Sur le clavier des escaliers, Une symphonie qui te mène Jusqu’à mon perchoir d’exilé. Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor : Comme tout premier contact avec l’œuvre d’un créateur donné, l’objectif du récepteur n’est pas de suivre les méandres de l’objet d’art et de pénétrer profondément dans ses entrailles, mais d’essayer de s’en approcher le plus possible afin de dégager au moins une partie de ses composantes essentielles. Dans ce poème de Mokhtar El Amraoui qui vient tout juste d’intégrer notre groupe, l’atmosphère générale dépeinte se caractérise par une sorte d’ébullition intérieure intense touchant les deux niveaux psychique et mental. Et en observant attentivement cette effervescence, nous apparaît une dualité centrale de laquelle découlent toutes les tensions exprimées dans le texte : le souhaité /et le vécu. Le premier élément de cette dualité se manifeste sous la forme d’un désir intense de libération s’exprimant à travers le rêve par le biais duquel le Moi poétique tend à aller le pus loin possible dans l’espace (Je rêve de comètes,/ D’astres flamboyants,/ De méduses lunes/ Ouvertures transparentes/ Des inextinguibles profondeurs l’inatteignable voyage – Cet azur qui nous appelle/ Nous retrace dans nos fibres de nouveau-nés), ce qui dévoilerait en lui un malaise profond dans l’ici présent (ma soif/ Dans la sècheresse de l’arôme somnambule – ce papillon qui s’éreinte/ En poursuites trébuchantes,/ Au-delà de ses rêves brisés !). Quant au second élément, il a la forme d’une adversité coriace et agressive dont la nature reste à déterminer (psychique, politique, sociale..ou toutes à la fois ? ). Mais quoi qu’il en soit, elle lui lie solidement les mains et lui barre le chemin , l’empêchant d’entreprendre son vol et constituant ainsi devant lui un handicap sévère et insurmontable. Néanmoins, cette impossibilité pour le poète de s’envoler vers les cieux lointains dont il rêve lui revient le mérite de lui inspirer cette symphonie errante regorgeant de sonorités enivrantes et qui éveille dans notre esprit cette longue série d’images déroutantes .Bravo Mokhtar ! 2016-02-09 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet