Les idées pleines de légèreté par : Sonia Garcia – poétesse française 31 janvier 2016 Sonia Garcia – poétesse française Les idées pleines de légèreté L’humeur se lit sur le papier Une page blanche flocon Qui cherche l’imagination L’esprit au quatre vents Chasser hier et le précédent Là ou rien ne va vraiment Je souris dans l’air en suspens Assise dos à dos j’écris des mots L’aventure est sous le chapeau Je laisse traîner mon esprit Un peu par là et un peu par ici Je griffonne de mon crayon Quelques pages de brouillons Il règne à peine un délicieux soupir Qui aide mon cœur à s’adoucir C’est une caresse qui s’échoue De mes lèvres jusqu’à ta joue C’est avec un geste de satin Que je te caresse de ma main Une saveur au bout des doigts Comme si c’était la première fois Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor : Bien que le phénomène de l’inspiration ait fait l’objet de plusieurs hypothèses dont les plus connues sont celles des psychanalystes, des existentialistes et des cogniticiens, il garde toujours ses zones d’ombre .En effet, si les premiers cités l’ont expliqué par un retour inconscient de l’artiste à la matrice de la mère où il jouissait de la quiétude et la paix pour fuir les contrariétés du quotidien et les seconds par son besoin de se sentir créateur dans un monde où il est de trop et dont l’existence ne dépend pas de sa volonté et les troisièmes par une connexion cérébrale avec des zones inconnues , il est toujours utile d’écouter aussi les avis et les témoignages des artistes eux-mêmes qui vivent cette expérience et peuvent donc y apporter des éclaircissements supplémentaires. Dans ce poème où l’auteure nous livre son témoignage sur l’instant de l’inspiration poétique, quatre de ses révélations sont dignes d’être retenues : la première est la spontanéité absolue de l’acte créateur (Les idées pleines de légèreté/L’humeur se lit sur le papier/ Une page blanche flocon/ Qui cherche l’imagination/ L’esprit au quatre vents/Chasser hier et le précédent – Je laisse traîner mon esprit/ Un peu par là et un peu par ici / Je griffonne de mon crayon/Quelques pages de brouillons) et il en découle incontestablement que la pratique artificielle de l’écriture est la négation même de la création ; contrairement à ce que prétendent les partisans de l’érudition pour qui la création dépend de la connaissance approfondie des théories littéraires . La deuxième révélation est que l’acte de création prend source dans un état de tension quelconque (contrariété, malaise, manque…etc.), (cherche l’imagination/ L’esprit au quatre vents/ Chasser hier et le précédent/ Là ou rien ne va vraiment), ce que le grand écrivain narrateur tunisien Mahmoud Messadi (1911 -2004 ) a voulu dire par sa fameuse parole « La littérature est tragédie sinon elle ne l’est point ». La troisième est la sensation de satisfaction qu’éprouve le vrai poète lorsqu’il s’allège du lourd fardeau qu’il portait, laquelle est presque identique à ce que ressent une mère à la fin de l’accouchement (Il règne à peine un délicieux soupir/ Qui aide mon cœur à s’adoucir ). La quatrième, enfin, est l’identification presque inconsciente de l’écriture poétique à l’acte amoureux (C’est une caresse qui s’échoue/ De mes lèvres jusqu’à ta joue/ C’est avec un geste de satin/Que je te caresse de ma main/ Une saveur au bout des doigts/ Comme si c’était la première fois) , du fait que l’Art, en général, et l’Amour, appartiennent à la zone de l’irréel dans la psyché humaine. Un poème manifeste touchant la question de l’inspiration poétique en profondeur et nous donne raison lorsque nous avons appelé à maintes fois les théoriciens de la littérature et de l‘art en général à écouter les avis des créateurs sur le phénomène de l’inspiration . 2016-01-31 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet