Poème du jour no 33 : Abstrait :par : Elena Martinez : poétesse canadienne d’origine espagnole – Montréal – Canada 26 décembre 2015 Elena Martinez : poétesse canadienne d’origine espagnole – Montréal – Canada Je vis en un monde d’images : Dans le domaine de l’abstrait, Chaque idée à mes yeux paraît Aussi concrète qu’un visage. Mes sens sont une palette Aux tons étrangement mêlés Que mes doigts chauds font ruisseler Sur le gris de l’idée abstraite. Des symboles mystérieux Comme d’un arbre se détachent, Et de l’or mouvant de leurs taches, Tourbillonnent devant mes yeux. Dans le chemin de la pensée, Entre les lances des ajoncs, J’entends éclater les bourgeons De mes métaphores exposées. © Poésie :Tous droits réservés, Elena Martinez © Tous droits réservés, Alena Philal Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor : C’est encore un poème-manifeste que nous vous proposons de lire avec nous aujourd’hui. Et l’utilité de ce sous-genre consiste, comme nous l’avons précisé hier, dans le fait qu’il apporte au lecteur un éclairage sur la conception de l’écriture poétique chez un ou une poète donné ( e ). Dans ce poème-ci, la dite écriture se fonde, selon l’auteure, sur trois piliers essentiels qui sont , en réalité, trois facultés, ou si nous voulons, trois “compétences”, pour employer un terme plus scientifique : l’imagination, la sensibilité et l’inconscient. La première de ces compétences lui permet de se libérer totalement du carcan du monde matériel concret, pour voguer dans un univers abstrait composé d’images d’êtres et de choses, lesquels, bien qu’ils soient irréels, lui sont très visibles. Et ce type d’imagination s’appelle « l’imagination créative » qui est spécifique aux artistes (et le poète en est un) et qui s’oppose à « l’imagination reproductive » commune à tous les individus de l’espèce humaine. Quant à la seconde, la sensibilité, elle se rapporte à un domaine donné : celui des couleurs, ce qui la qualifie donc de « visuelle ». Cependant, l’absence de penchant vers une couleur bien déterminée, du fait de l’entremêlement anormal des tons de ces couleurs donne à l’univers de la poétesse un aspect extrêmement flou donc propice aux investigations et aux interprétations. La troisième, enfin, l’inconscient , est aussi d’une importance capitale, car il renferme la source la plus féconde de l’acte artistique :la psyché ou, si vous voulez, l’âme. Et cet inconscient, selon l’auteure, foisonne de symboles, lesquels se versent dans l’espace du texte, au fur et à mesure de son élaboration, sans qu’elle saisisse forcément leur signification. Et aucun artiste ne peut créer vraiment s’il ne vit pas ce moment brûlant au cours duquel l’égo se met en connexion avec des sources d’inspiration étranges et lointaines (Des symboles mystérieux/Comme d’un arbre se détachent,/Et de l’or mouvant de leurs taches,/Tourbillonnent devant mes yeux.). Tiens ! Mon commentaire s’allonge plus que d’habitude. Je m’arrête donc et conclus que ce pome-manifeste nous dévoile à quel point l’univers de cette poétesse est riche et profond et que sa conception de la poésie concorde totalement avec celle des cogniticiens et neuro-scientifiques modernes dans ce domaine mystérieux du « génie artistique » ! 2015-12-26 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet