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Philippe Correc – poète français – Paris

Le froid
Gèle
Mes mains.

Je tiens
La mine
Gravant
Au noir
Envies
Et doutes
Sur le
Papier
Froissé
De mon
Carnet.

Je t’offre
Un fin
Collier
De mots
Reliés
Par des
Non-sens
Pleins de
Couleurs
Et de
Musiques.

Je joue
Un jeu
Sans voix
Avec
Mes yeux
Bleutés
Clin d’oeil
Au sort
Que me
Réserve
La vie.

Le feu
Ranime
Mon âme.

Le poème que nous allons lire ensemble dans ce qui suit appartient au genre « manifeste » dont l’objectif est de faire part aux lecteurs de la nature et la fonction de l’écriture telles que les conçoit un auteur donné .Et dans ce cadre bien déterminé, deux éléments essentiels relatifs à l’écriture de l’auteur de ce poème y ont été explicités : le premier est la dimension purement subjective de sa poésie qui lui sert de moyen pour plonger dans son intérieur à la recherche des affects négatifs qui y bouillonnent, afin de s’en débarrasser par leur extériorisation et, par là même, leur communication à travers la langue. Et ces affects sont de deux sortes : d’un côté ce sont des « envies » qui sont des sentiments se rapportant au « vouloir » et ne se concrétisent donc pas nécessairement  au niveau du « faire », d’où un léger sous-entendu de frustration et de l’autre côté, et plus précisément au niveau de l’intellect, ce sont des « doutes » et là se manifeste un esprit irrésolu et hésitant devant l’Autre et le monde, lequel, s’il est une marque spécifique du vrai créateur artistique qui n’est jamais confiant en ses capacités , du fait qu’il aspire toujours  à la perfection  et à la plénitude, il est aussi le signe d’un état d’âme existentiel qui se traduit franchement par une peur de l’avenir (Clin d’œil/ Au sort/Que me/Réserve/ La vie. ).
Le deuxième élément est stylistique et double. Et il consiste, d’abord, en une sorte d’écriture débordante, au cours de laquelle le poète se laisse entraîner par le plaisir de l’expression qui le guide au lieu de la guider, une écriture qui nous rappelle le fameux jeu linguistique du « cadavre exquis » (Je t’offre/Un fin/Collier/De mots/Reliés/Par des/ Non-sens), celui qui “décoiffe” le lecteur par les images surprenantes qu’il fournit. Ensuite, le style de ce poète se caractérise par un rythme bien cadencé et des sonorités très vibrantes, ce qui nous a amené à le dénommer « le roi du rythme » (Pleins de/Couleurs/Et de/ Musiques..).
Un autre poème concis et léger mais profond qui s’inscrit pleinement dans les choix thématique et stylistique de son auteur et son orientation intellectuelle.