Poème du jour no 20 ( Nouvelle série) : Désillusion par :Wafaa Abid – poétesse marocaine 9 décembre 2015 Wafaa Abid – poétesse marocaine L’air avare recule Sous les seuils, Ta silhouette s’élance Dans le corridor, Pousse vers l’issue, La seule issue… Tu craignais le début De la fin, tu t’approchais Je suis le flux de ta frénésie Injures, rires Cris… Prunelles paralysées Le seigneur assis, Sa chaise géante s’agite. Toutes les prières mouillées Ne suffisent pas ; Il fallait pleurer Comme la vierge d’autrefois ; Il fallait promettre Le même spectre, Faux qu’il soit ! Wafae Abid Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor : Wafaa Abid nous a habitués à ce type d’écriture poétique épurée presque totalement des sens dénotatifs et référentiels et où la totalité du texte se présente comme un tissu aussi fin que dense dont les fils sont composés de connotations, de sens seconds et de symboles. Ce qui ouvre la voie à un nombre indéterminé n’interprétions. Dans ce nouveau poème, le discours émanant probablement d’un « je » féminin, s’articule apparemment autour d’une crise de couple se traduisant par des scènes de ménage (Je suis le flux de ta frénésie/Injures, rires/Cris/ Prunelles paralysées) et au cours de laquelle le partenaire semble avoir peur d’une éventuelle rupture(Ta silhouette s’élance/Dans le corridor,/Pousse vers l’issue,/La seule issue…/Tu craignais le début/ De la fin,), ce qui l’amène à essayer de calmer la situation (tu t’approchais ) mais la locutrice aurait pris une décision irrévocable de couper avec lui (Toutes les prières mouillées/ Ne suffisent pas),n’hésitant pas même à l’humilier impitoyablement (Il fallait pleurer/ Comme la vierge d’autrefois ;/ Il fallait promettre/Le même spectre,/ Faux qu’il soit !). Il s’agirait donc d’un poème narrativisé au niveau de ses structures profondes et façonné selon la technique du puzzle ; non seulement par l’émiettement des événements mais aussi par l’élimination des détails non-fonctionnels, dans le but d’intensifier l’effet poétique et de faire participer les lecteurs, chacun à sa façon, à l’élaboration du texte par le remplissage des cases laissées vides. Un poème léger, plaisant à lire, incitant à la réflexion et se prêtant à une multitude d’interprétations! 2015-12-09 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet