JE SAIS par :Rolande Bergeron – poétesse canadienne-Montréal 5 décembre 2015 Rolande Bergeron – poétesse canadienne-Montréal Je sais des plages frangées d’écume Et des matins noyés de brume Je sais des nuits de pleine lune Et des sentes menant vers des dunes Mais je sais aussi des contrées de pleine noirceur Et des sols desséchés et arides Je sais aussi des enfants décharnés Suspendus aux mamelles vides des mères Je sais des rues pavées d’or En quelque paradis exotique Je sais des jours chargés de lucre Et des nuits souillées de stupre Mais je sais aussi des peuples emmurés tout vifs Et des yeux morts et des mains vides Je sais des feux qui tombent du ciel Et des vents chargés de poisons mortels Car maintenant, les dieux sont morts Et les hommes ont pris la relève Rolande Bergeron – poétesse canadienne-Montréal Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor : La vision de soi , de l’Autre et du monde, le trio sur lequel s’érige nécessairement toute expérience artistique ou littéraire change naturellement d’un créateur à un autre selon les convictions qu’il porte et l’orientation intellectuelle qu’il choisit mais quoique cette vision change, elle demeure chez le vrai artiste ou écrivain constante et cohérente .Et c’est là où réside le secret de ce qu’on appelle « singularité ou « spécificité » qui est la condition primordiale pour qu’un tel ou une telle puisse être considéré (e) comme un créateur ( créatrice). L’auteure de ce poème que vous connaissez bien a choisi résolument, dans la plupart de ses écrits, la voie militante et engagée, comme nous le voyons dans cette vue panoramique qu’elle nous donne du monde entier avec ses contradictions flagrantes sur le plan social , une vue, à vrai dire, digne du grand Karl Marx qui voyait la société humaine divisée en deux classes diamétralement opposées : l’une exploitante et l’autre exploitée .Et c’est justement sur cette dualité que notre auteure a construit son poème ,en alternant ces deux aspects contraires( je sais…/ je sais aussi…) . Bien entendu, si les religieux de toutes les confessions monothéistes et avec eux les riches en général – et notre globe est totalement entre les mains des riches organisés sous forme de multinationales et défendus par les grandes puissances – vous disent que ces contradictions sont naturelles, du fait que Dieu a créé le riche et le pauvre, les intellectuels de gauche, eux, dont le nombre a diminué depuis la chute du mur de Berlin vous répondront qu’il s’agit plutôt ici de contradictions historiques et terrestres c.à.d. causées par l’homme et nullement imputables à la volonté divine, (Car maintenant, les dieux sont morts/Et les hommes ont pris la relève), d’où la nécessité de les éliminer afin d’établir l’égalité et la justice sur terre. Et cette discussion continuera, sans aucun doute, jusqu’à la fin du monde . Sur le plan stylistique, l’auteure a usé massivement de l’hyperbole pour amplifier les aspects luxueux et opulents d’un côté et ceux qui sont pauvres et miséreux de l’autre, afin de rendre l’intensité de la contradiction de base sur laquelle elle a bâtit son texte .D’autre part, grâce à la remarque critique insérée dans les deux ultimes vers, le poème s’est achèvé par une fin pertinente et surprenante. 2015-12-05 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet