J’aime tes doigts sur mon corps
J’aime que tu me façonnes comme un morceau de Meißen*
Que tu fasses de moi une loupe difficile à croire
(2)
La cigarette est féminine
Le poème est l’appel d’une créature féminine
Une idée éclate tout d’un coup
Je ramasse des choses innommables
(3)
Je suis un mélange de liquides
Je coule comme l’eau sur ton corps
J’absorbe toute la température
Je m’évapore
Laissant l’idée de l’incarnation
S’éloigner comme un souvenir
(4)
Moi et toi
Nous percerons plusieurs trous dans le brouillard
Desquels nous ferons tourner de nouveau les idées à tour de rôle
Et nous écouterons les voix de la Terre
Celui qui restera de nous deux
Conservera l’ombre de l’autre
(5)
De toute chose ayant un nom, tu as une consonne
Et ta dernière consonne
Se perd parmi les choses n’ayant pas de noms
(6)
Une branche tombe d’un arbre
Elle s’enfuit en courant
Elle bute contre une idée
Qui se tenait debout toute perplexe
(7)
Toujours je t’envoie des lettres
Tu te transformes avec le temps
En un giron d’une mère sans enfants
* Meißen :porcelaine précieuse de Saxe
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