Poème du jour no 9 ( nouvelle série) Le choix des mots par : Nwesla Biyong – poète camerounais

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Nwesla Biyong – poète camerounais

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Nous sommes indiscutablement dans le ventre de la faim
Les femmes ne se lamentent plus pour leurs petits
Elles célèbrent leur indépendance dans la rue et dans les locaux éblouis
Mâchant intensément le machisme qu’homologuaient les traditions
Brandissant l’épaisseur de leur bourse bah oui
Narguant les hiers de la subordination et même de l’effacement

Les hommes tuent l’Amour en courant dans la rivière des plaisirs de la chair
Elles sont si belles et si chaudes les nuits chez les concubines où les draps
Chargés de sueur de semences et d’effluves relatent la fièvre des amants
Mais pour être cette cible des regards il faut des palais royaux et
D’innombrables cylindrés les mains trempées et le fondement
Décapsulé pour le cas du pays de l’Homme-lion

Les jeunes ne respectent plus rien
Ni les études ni la sagesse encore moins la vie ne comptent
Au temps de la faim les parents gênent les lois gênent les habits gênent
Les amis gênent des rires jaunes quand la peau tatouée a ramolli et vieilli
Toute leur vie dans cet Aïe-pas-de fait d’eux des corbeilles ambulantes
Dénuement à l’époque transitoire avant notre totale logiciellisation

Les cieux sont le lieu d’un Dieu manchot répartissant les richesses
Et paf !pour les papes Homère et autres muezzins
C’est le Nord qui tient la main mais Ma Terre espère l’Orient
Qui démêlera ce système tarabiscoté
Trop lourd pour pouvoir évoluer
Son fer de lance ou le magma du capitalisme

 
La lave coule sur l’empreinte de la vertu
Et la morale est ce vagabond nauséabond que personne n’invite chez soi
Carpe diem car nous sommes l’ultime divinité
L’être moderne ne connait aucune limite ni pour le Bien ni pour le M…
Je ne le cite plus tu sais car quand je joue avec les mots
Je ne joue plus !
NWESLA BIYONG

 

Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor :

Il n’y a plus de doute que l’étape critique que traverse actuellement le monde, que ce soit dans le Nord avancé ou dans le Sud sous-développé, résulte de la politique que mènent les grandes puissances à l’échelle planétaire pour dominer le monde et exploiter toutes ses ressources par l’intermédiaire des multinationales. Et pour arriver à cette fin, elles ont besoin d’exporter leur système capitaliste sauvage et le répandre dans tous les pays du globe.
Conscient des dangers de cette orientation spoliatrice pour son continent ( C’est le Nord qui tient la main mais Ma Terre espère l’Orient /Qui démêlera ce système tarabiscoté/Trop lourd pour pouvoir évoluer/ Son fer de lance ou le magma du capitalisme), le poète brosse un tableau désolant de la société africaine qui a été gravement touchée par les méfaits du capitalisme, mettant en exergue la dépréciation des valeurs authentiques locales (La lave coule sur l’empreinte de la vertu/ Et la morale est ce vagabond nauséabond que personne n’invite chez soi) contre la montée des valeurs dégradées aussi bien chez les femmes (Les femmes ne se lamentent plus pour leurs petits /Elles célèbrent leur indépendance dans la rue et dans les locaux éblouis) que chez les hommes ( Les hommes tuent l’Amour en courant dans la rivière des plaisirs de la chair/Elles sont si belles et si chaudes les nuits chez les concubines où les draps/Chargés de sueur de semences et d’effluves relatent la fièvre des amants)ainsi que chez les enfants (Les jeunes ne respectent plus rien/Ni les études ni la sagesse encore moins la vie ne comptent).
A quoi est dû cet état de fait ? Et est-que le modernisme ne peut être fondé que sur les ruines des bonnes traditions et des hautes valeurs ? Autrement dit, est-il vraiment impossible de concilier le capitalisme avec la morale ou du moins avec l’humanisme ? Autant de questions brûlantes auxquelles les Africains et tous les autres peuples du Sud doivent trouver des solutions ,afin que le modernisme qui conquiert depuis plus d’un siècle leur terre et leur esprit soit un moyen pour accéder au progrès et à la prospérité et non pour sombrer dans la débauche .
Côté style, la nature intellectuelle de ce poème n’a pas nécessité la recherche d’images fascinantes, car le réel décrit est plus déroutant que l’imaginaire!

 

 

Un commentaire

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    Nous aurions pu lire LE CHOIX DES MAUX; car nous faisons le monde a notre image… Merci infiniment, Mohammed.

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