Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :42–Les poèmes de Patrick Berta Forgas :42-2: ZONE HUMAINE 6 avril 2020 Patrick Berta Forgas 1. J’ai osé les morts pour encore écrire ce que vivant Je souffre ! 2. Je veux des gens gentils aux regards simples. J’attends des heures d’amour et de liberté. Ce silence de l’espoir est une condamnation ! S’écrivent et bruissent mes minutes d’attente. 3. Un oiseau est venu prendre de mes nouvelles et puis est reparti : je n’ai plus d’ailes … 4. Noces faites d’alliance inconnue et sans bijoux. 5. La croisée des doutes pour une infinie direction. 6. La fraîche odeur de nos réveils quand la nuit s’attarde … 7. Je veux que sèchent nos yeux au souvenir de nos bonheurs. 8. Comme il est beau le toit de notre maison. 9. S’offrent ou s’achèvent des moments de sang … 10. Tous les rendez-vous ont des rimes d’immortelle déprime. 11. Ils s’appartiennent ruptures et retards. Le silence est un éphémère aux ailes d’absence … Certains noms reviennent. Ils illuminent mes couloirs de signaux bleus et dessinent des hommes. 12. Trancher la torche juste sous le feu, pour tenter l’enjeu. 13. L’avenir est au doigt d’une dictature caniculaire. 14. Si belle, la créance du cri quand s’étale la guerre que l’on voulait cacher. 15. L’outil de la confiance est d’une telle imposture que personne ne la connaît ! 16. Comment rassembler les rêves de nos sommeils ? Comment apprendre la nuit qui enfante sans bruit le matin des douleurs ? 17. Il pleut si souvent dans nos étés, que les souterrains regorgent d’incroyables corps. La sueur est-elle une issue ? 18. Le principe est de couleurs mais l’ignorance est un cœur le mélange des sangs. 19. On finit toujours par vivre avec ses morts ! Ce discours fortement tissé de sens seconds et de connotations , conformément au choix stylistique de l’auteur qui aspire par ce procédé esthétique à atteindre un degré très élevé de poéticité s’il rebute les profanes, il ne constitue nullement un handicap insurmontable pour les connaisseurs qui trouvent dans le lexique utilisé des brèches laissant entrevoir les structures profondes du texte .En effet , si l’on part de ce niveau, nous apparaîtra une dualité pertinente fondamentale de laquelle a été généré tout le poème : espoir / désillusion ( Je veux des gens gentils aux regards simples / l ‘avenir est au doigt d’une dictature caniculaire ) dont chacun de ses éléments est le mot générique d’une isotopie. Parmi les unités faisant partie de l’isotopie « Espoir » nous citons (oiseau – fraîche odeur – bonheurs liberté – amour – espoir – beau – illuminent – confiance – rêves… ) tandis que celle du Désillusion regroupe presque tout le reste des lexèmes et expressions utilisés dans le poème dont (Je souffre – silence de l’espoir – je n’ai plus d’ailes – sans bijoux – la nuit s’attarde – immortelle déprime – ruptures – retards – absence – dictature caniculaire – guerre – imposture – ignorance – douleurs – sangs – morts… ), sachant que le tableau que brosse ici le poète n’est pas celui de sa propre psyché mais plutôt de l’essence de l’âme humaine qui bien que consciente qu’elle est condamnée à un échec inévitable s’accroche à l’illusion pour s’alléger momentanément du fardeau existentiel qui pèse sur elle. Et à cette vision profonde et singulière que véhicule le texte s’ajoute la finesse extrême avec laquelle ces idées ont été illustrées au moyen d’images , pour la plupart , inédites résultant d’associations linguistiques originales . 2020-04-06 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet