Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :40– Les poèmes de Laurent Mourot-Faraut :40-13 : La danse de ma vie…

 

 

J’ai juste envie d’amour,

De m’enfuir le matin vers le jour d’après,

Et de recommencer,

Même si je sais que ça ne sert à rien,

J’ai juste envie de m’enivrer,

De retenir le temps qui valse,

Pour le lâcher demain,

Avec des rimes plein la main,

Et de recommencer,

Même si je sais que ça ne sert à rien,

Je ne rêve que d’amour,

J’ai des étoiles pleins la tête,

J’ai juste envie de chavirer,

Je veux me noyer avec toi,

Et me ligoter de tes draps de soie,

Jusqu’à t’imaginer blottie toute contre moi,

Et d’enfin faire l’amour avec toi,

De construire ma vie dans tes yeux,

Et de recommencer,

Même si je sais que ça ne sert qu’à t’aimer,

C’est juste la vie que j’ai envie de danser,

Mais où vas-tu danser sans moi la vie,

Mes larmes naissent dans mes yeux,

Je me réveillerai demain matin,

Sans doute à crever seul comme un chien,

Et j’écrirai juste avant de partir,

Quelques mots en musique,

Même si je sais que cela ne sert à rien,

J’aimerai recommencer.

J’aimerai recommencer à te serrer dans mes bras,

J’ai juste envie d’amour,

Même si je sais que cela ne sert à rien…

Même si je sais que cela ne sert à rien,

J’aimerai apprendre à danser,

Jusqu’à recommencer,

J’ai juste peur de t’oublier,

Ou de te voir dans les rêves d’un autre.

Demain sera un autre jour,

J’apprendrais encore à t’aimer,

Et puis je m’enivrerais,

Et puis je m’en irais,

Pleurer avec des mots,

Qui en auront marre de m’accompagner,

Ce sera la signature de ma vie,

Et si je peux,

Je demanderai à la vie de me quitter le matin,

J’écrirais juste avant un poème pour toi,

Je veux que ce soit simple,

J’ai juste envie de t’aimer demain,

Et de recommencer…

 

L’auteur de ce poème appartient à la catégorie des poètes dits à expérience c’est-à-dire de  ceux qui se meuvent dans un champ d’action qui leur est propre et dont les préoccupations sont presque toujours constantes .Mais si nous l’avions toujours qualifié de poète amoureux, c’est uniquement pour rapprocher son image apparente de sa personnalité profonde qui, d’un poème à un autre, s’avère d’une complexité insoupçonnée du moins pour le profane . Et ce nouveau poème n’est qu’un exemple parmi tant d’autres qui montre que l’amour dont il fait un véritable mode de vie n’est, en réalité , que l’expression détournée d’un mal interne de double nature : psychique et existentiel. En effet , la forme de délire érotique selon laquelle ce discours est façonnée et les répétitions qui s’y sont enchaînées dévoileraient une âme troublée en proie à des tourments atroces engendrés  par un manque ancien d’affection maternelle  dans la période infantile  et qui se serait  transformé , par la suite , en une obsession de la féminité pure  quelle que soit la personne dans laquelle elle se concrétise ( J’ai juste envie d’amour – Je ne rêve que d’amour – j’ai juste envie d’amour) .Et le signe du caractère valétudinaire de cet amour est sans doute son inefficacité et son incapacité dans l’affranchissement de l’âme du poète des désirs refoulés et insatisfaits dont il souffre  (même si je sais que ça ne sert à rien :5 fois ) , ce qui le pousse constamment à  recommencer et tourner ainsi dans un interminable cercle vicieux . Mais cette fuite vers la femme qui se substituerait , dans son inconscient , à la mère prend en même temps un caractère existentiel du fait qu’elle s’oriente aussi  vers l’écriture poétique ( j’ai juste envie de m’enivrer, de retenir le temps qui valse, pour le lâcher demain, avec des rimes pleins la main – et j’écrirai juste avant de partir, quelques mots en musique,  ) .Sartre n’a-t-il pas émis la thèse que la création artistique est un acte compensatoire par lequel l’artiste réagit à sa condition d’être de plus dans ce monde ? Quant au style, il est comme d’habitude , du genre dit facile mais inaccessible .