Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :12 – Les poèmes de Fatima Maaouia :12 -17 :Fleur porte honneur 14 juin 2019 Fatima Maaouia Etincelante, poudrée d’or De lumière et de flammes à l’horizon Qui s’évaporaient dans la poitrine et l’âme De chaque homme et de chaque femme Était alors la maison Fallait voir, fallait voir! Elle avait fier air Et donnait en grand Et sans compter Du grand air À tous les comtés Fallait voir, fallait voir! Je vous raconte pas d’histoire…. Par hectolitres Elle servait du rêve à boire Elle donnait à la terre entière Le philtre de la fleur Porte honneur Qui à juste titre rend d’un élan Heureux, beau et grand, D’équilibre et de clarté À quel moment, espoir contré Les cisailles… Printemps Eté… Ailes Dévoreuses de grisaille Qui grandissaient l’homme et la contrée: Sont-elles, jasmin Ensanglanté À la main Tombées à terre Poitrail ouvert? Je ne pouvais encore discerner L’exacte nature de la révolution à peine née Étoile En blouse de travail Et pieds nus Qui s’était jetée sans voile Et en manches de chemise Retroussées à mon cou Et que j’avais prise Au mot Mais son odeur… Chargée de peur et de violence Immédiatement…m’affranchit…et je compris tout Ce n’était qu’un brouillon Sans aucun sens A l’horizon, La fleur porte honneur, elle, On pouvait lui faire confiance: Ses ailes, souffles en éveil Étincelaient de plus belle La métaphore de la fleur désignant la révolution tunisienne est reprise dans ce poème où l’auteure fait encore une fois part de sa déception vive et amère après la tournure inattendue que les évènements ont prise dans le pays en si peu de temps . Mais contrairement à la stratégie stylistique inspirée de la peinture impressionniste qu’elle a adoptée dans un poème précédent (Belle fleur ) et qui a consisté à procéder par des touches légères juxtaposées, en faisant déferler des phrases tronquées décousues , elle se dédouble ici en narratrice populaire , en jouant sur l’imaginaire des auditeurs tout en relatant des réalités quotidiennes vécues, d’où le recours à cette histoire symbolique mais accessible d’une belle héroïne végétale dont la venue suscite la joie et l’émerveillement mais qui ne tarde pas à dévoiler son visage postiche (je compris tout ce n’était qu’un brouillon sans aucun sens ) derrière lequel se cache une vraie bête sanguinaire , causant ainsi à ses acclamateurs et à leur tête la narratrice un cuisant désenchantement ( qui s’était jetée sans voile et en manches de chemise retroussées à mon cou et que j’avais prise au mot mais son odeur… chargée de peur et de violence immédiatement…m’affranchit ) . D’autre part , l’auteure a finement exploité cette métaphorisation de l’idée maîtresse du texte en faisant jaillir de temps en temps , au niveau syntagmatique , de sous écarts étincelants à haute teneur poétique tels que ( étincelante, poudrée d’or de lumière et de flammes à l’horizon qui s’évaporaient dans la poitrine et l’âme – par hectolitres elle servait du rêve à boire – sont -elles, jasmin ensanglanté à la main tombées à terre poitrail ouvert?). Et comme le dicte le réalisme socialiste , quelque soit l’étendue de l’obscurité , il demeurera toujours une lueur d’espoir , ce à quoi s’est conformée la poétesse en closant son texte par cette image porteuse de grandes espérances (à l’horizon, la fleur porte honneur, elle, on pouvait lui faire confiance: ses ailes, souffles en éveil étincelaient de plus belle ) . 2019-06-14 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet