Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :12 -Les poèmes de Fatima Maaouia:12 –12 :Un pan de ciel 2 juin 2019 Fatima Maaouia Pour prouver le contraire À la nuit qui l’enferre Avoir un peu plus chaud Au creux de l’hiver Et moins mal au cœur Que le froid mord et qui parfois Se tord et pleure Il a sorti Sa couverture des grands jours Bouclier révolver et amour Plein air Réfractaire aux temps lents Et rayons ultra violents Aux plis En accord Avec son âme et son corps Amer Ainsi, à défaut de pull-over Et de chandail Il s’est couvert d’un pan de ciel Tissé sur terre Pour ne jamais se taire Le grand drapeau Coin du monde, été hiver Flamme printanière À ciel ouvert Où depuis des décennies Le rouge frisson au blanc et à l’humain Se sont donné la main Se sont embrassés Se sont enlacés Ont échangé à vie Contre tous les dénis D’hier et d’aujourd’hui: Baisers, serments, pactes, jasmin Murmures, aveux, sang et parfums Là où il git Pilier …pillé Laissé de côté Lassé De n’avoir accès Ni au printemps, ni à l’été Y a pas de doute Dans le creux de la nuit Qui va vite Et vous broute… L’étoile planète qui l’habite Le croissant où il habite En lui Feuille de route, Bougie Brûlent et palpitent : Elle nous confie, La bougie Qu’elle est flamme et qu’elle est poésie Que froid et délire Elle n’en n’a cure Car elle est de mèche avec la vie Et qu’aucun pire Ne peut s’inscrire Dans le mille Contre la chaleur des lèvres passion de la cire Qui en cas de péril Donne sans préavis sa vie Qui ne tient qu’à un fil Pour libérer…la Vie De l ‘interdit J’avais témoigné , à plusieurs reprises depuis plus de dix ans , que l’auteure de ce poème est l’une des rares voix poétiques militantes en Tunisie et sans aucune distinction de la langue utilisée , qui ne sombrent pas dans le discours idéologique plat et insipide surtout au cours des huit dernières années où les poètes « révolutionnaires » ont poussé comme des champignons , enfourchant la révolution avec la plus grande facilité du monde . Contrairement à ces hordes assoiffées de célébrité et qui assassinent l’art poétique sans scrupules , le souci esthétique très méticuleux de l’auteure retient l’attention sur plusieurs plans .D’abord celui de la pertinence qui commande le choix de ses thèmes , comme on le voit dans ce spectacle riche en connotations d’un sans logis dormant sur le trottoir enveloppé dans le drapeau national qui lui a inspiré son poème et dont la valeur première est qu’il met le lecteur en face d’un vrai représentant de la couche de jeunes chômeurs qui avaient déclenché la révolution du 17 décembre 2010 sans qu’ils récoltassent les fruits de leurs sacrifices .Le deuxième point lumineux est la manière dont la poétesse a exploité le sujet abordé , en dégageant les sens connotatifs les plus expressifs, au détriment de la description directe dont elle n’a fait usage que par nécessité absolue et par flashs intermittents et très espacés pour présenter le personnage et situer le lieu où il se trouve . Le troisième côté reluisant est , enfin , le style réellement singulier de la poétesse basé comme à l’accoutumée sur les jeux de mots , le rythme rapide et haché et les éclairs d’esprit surprenants . 2019-06-02 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet