Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :12 -Les poèmes de Fatima Maaouia:12 –8: Soif… 29 mai 2019 Fatima Maaouia Bienvenue au pays de la Soif… ……………………………………………. Soif… Soif qui décoiffe Inscrit de cris goûteux Sa lie… Qui ligote Et qu’on lit Goutte à goutte… Mots durcis Ecoute Le moment, croûte qui s’égoutte Pschitt… pschitt Goutte de sueur… Mont de peur ! Snif… snif… Larme, qui biffe Et l’homme et le rif Tic tac Lac de sang… Qui descend Et l’on voit Qui perle, et déferle : Le chant asséchant Larme, hameçon :”Lame- Lacère – âme” Au front Et l’homme chancelle Et les monts ruissellent Et l’on boit Lourde de peur Lourde de moisissure On la boit sel On la boit gel On la boit…aux abois Soif, soif ! Qui décoiffe ! (ben voui,l’ami-e- ! pas de doute! La route, Vouée au doute, Ça vous essore et ça vous broute Goutte à goutte… Ça vous broute Et écorche et vous désosse sous écorce Quelle que soit sa force Un homme Sans écoute Ça embroche La soif griffes goulues qui de zone en zone Et de port en port Agrippe, biffe Brûle, broute, scotche Et plonge dans le bain Comme rien Pores, spores, arômes, songes chemin… On a beau « naître »… être ou prétendre être quelqu’un : Sans drain aux reins … « Je suis »…n’est Rien ! Quand enfin À l’horizon se profile un chemin Une vraie main… Le sel de la sueur Le gel de la peur Larme, lame de sang On les descend ! Pour que l’espoir se cisèle On se sera auparavant Coupé tant et tant de veines… Coupé tant et tant de veines Et sculpté goutte à goutte Au Ciel interne profond Antidote au sel De l’exil et du doute… L’Elixir d’or qui éclairant la main minuscule Recréées « œil, paume » Lèvera alors haut le front…de l’homme Majuscule… Debout et sans boue Indemne de blême et d’œdèmes PS: Pour une bonne connexion Aux sillons Et une navigation… Dans les meilleures conditions … Sans goutte aux articulations… Sous peine d’être transformé en statue de sel Recommandations d’extrême importance ! Capitale et vitale… Pour l’essence de tout végétal! Surtout ne me dites pas que vous aimez ça de loin! Ardu, long, et plutôt sec est le chemin Un vrai désert! Pour les commentaires C’est pas la mer à boire! De l’eau claire! Bonne à boire! En un mot, Des mots… En os et en chair! Lubrifiants Omo-anti clacaire Des artères! Vous avez tout ce qu’il faut sur l’étagère Pour que ça étincelle! Broc,onde, pot, puits, océans…Ether et surtout …vous! N’y allez pas du bec de la cuillère! Erg, Reg, Terre! Etanchez à fond votre soif de commentaire… La soif…puits sans fond… C’est profond! Ecrit en 2009 , ce poème n’est pas lié directement à la situation actuelle qui prévaut en Tunisie depuis l’avènement de la révolution . Mais si l’on considère les idéaux que la poétesse y défend , on constatera qu’il n’en est point loin et pourquoi pas même en plein vif du sujet .En effet , si l’on tient à l’idée de l’Homme Supérieure , si chère à Nietzsche , avec laquelle l’auteure a clos son texte en proclamant solennellement : « L’élixir d’or qui éclairant la main minuscule/ Recréées « œil, paume »/ Lèvera alors haut le front…de l’homme/ Majuscule…/ Bout et sans boue/ Indemne de blême et d’œdèmes » , on voit bien que tout le poème s’inscrit dans l’élan général qui avait animé les jeunes révolutionnaires tunisiens , pour la plupart des diplômés chômeurs auxquels s’étaient joints des centaines de milliers d’autres catégories de marginaux , lorsqu’ils sortirent dans la rue le 17 décembre 2010 , exigeant à haute voix leur droit à la dignité : « Le travail est un droit ô bande de voleurs ! ». Ces jeunes, n’appartenant à aucun courant politique , avaient porté l’espoir de l’établissement d’un nouveau ordre social érigé sur des bases réellement humaines et dont tous les membres sont égaux et jouissent d’une vie honorable. Il s’agissait bien donc d’une vraie soif d’une vie meilleure qui ne pouvait être étanchée que par un changement radical mais positif qui rétablirait la dimension humaine dans une société où l’esprit de profit et l’égoïsme ont creusé de larges fossés entre les classes et les générations . Et tous les signes aujourd’hui indiquent que cette soif s’intensifie de plus en plus , ce e qui montre le degré d’actualité atteint par ce poème . Enfin , au niveau du style , la poétesse , affectionnant les discours extrêmement longs et passionnée par le ludisme linguistique , est , comme d’habitude , égale à elle même. 2019-05-29 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet