La porte verte par: Fatima Maaouia- poétesse tuniso-algérienne – Tunis – Tunisie

Une si triste porte esseulée

Sur la route pourtant ensoleillée

De colliers de villas fortunées émaillées

Et tout le long d’hôtels cinq étoiles festonnée

M’a interpellée, lors de ma randonnée

Drôle de destinée !

Couleurs, lustre et apprêts

Éprouvés par l’âge

Quel naufrage !

Lui aurait-on jeté un sort ?

Ô, ma vie !

Désarmant !

Cette porte dans un paysage

Par ailleurs si charmant et verdoyant

Telle qu’elle,

Assignée à résidence dans sa colle de ciment

Mais ma parole !

Pour quelle survie ?

Garder intact l’or

De beaux moments ?

Non !

Elle pleure vraiment

Au passage du passant et plus encore

Lorsqu’elle me vit

Et je vis

Abri décati

Vêtue d’ombre et de nuit

À l’intérieur de ses plis

Riche et comblé de l’intérieur

Aucun soufi n’y vit

Et je n’y vis

Lèvres closes ni plante ni enfant ni fleur

On dirait qu’on lui a pris son coeur

Sans fenêtre, sans rire, sans êtres

À quoi bon être ?

Lui aurait-on jeté un sort ?

Pauvre cœur

Son maître serait-il mort ?

Mystère !

Ciel !

Sinistre fait divers ?

Crime passionnel ?

Rouillée la serrure aux lèvres du sourire !

À l’intérieur où, il n’y avait que de l’amour…

Retournant les entrailles

Fermant à double tour

Complicité et rire

Emmurant joie et murmures

Séchant jasmin puits et treille en deuil

Et sèchement clôturant le portail

D’une belle histoire

Désormais casée dans de sombres tiroirs …

Un divorce aurait mal tourné ?

Vertige

Yeux mornes désolés

Où le regard se fige

Lèvres scellées

Quel mot jailli cri du coeur ?

Quelle fleur ?

Quelle bonne blague lui servir

Pour lui arracher un sourire ?

Quelle bougie allumer

Pour la consoler

De sa solitude

Et de la froide et grisâtre motte de ciment humide

Agrémentant allègrement environnent aride

Et front impavide ?

Erreur de jugement !

Quelle main imbécile

Se trompant sur sa nature

A cru bon

Au lieu de fleurs d’un p’tit banc

Peint couleur bonbon

De couler le béton

Impur

Jusque sur le perron

Coagulant pieds agiles et horizon mouvant mobile

Empêchant toute envolée étriers illuminés

vers l’azur

Malgré tout, elle tient debout

Porte le numéro 1…du renouveau…

Sous l’arc

De l’arcade sourcilière revêche et bourrue

D’où ne filtre aucune lumière …

Lui sert de manteau rongé de poussière

Tiens !

Le Vert marabout bon teint

Henné du paradis

Oint

Qui fait du porte à porte

Qui fait de l’œil au soleil

Contre le mauvais oeil

Et partout s’exporte

Auquel on embrasserait bien la main

Et pour lequel on se mettrait à genoux

Tant il soignerait de saints et de fous

C’est fou

Mais, voyez- vous

Le problème, avec les fous

C’est qu’il y en trop

Trop autour de nous de fous…pas assez fous

Dit le saint marabout

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