La porte verte par: Fatima Maaouia- poétesse tuniso-algérienne – Tunis – Tunisie 19 juin 2021 Une si triste porte esseulée Sur la route pourtant ensoleillée De colliers de villas fortunées émaillées Et tout le long d’hôtels cinq étoiles festonnée M’a interpellée, lors de ma randonnée Drôle de destinée ! Couleurs, lustre et apprêts Éprouvés par l’âge Quel naufrage ! Lui aurait-on jeté un sort ? Ô, ma vie ! Désarmant ! Cette porte dans un paysage Par ailleurs si charmant et verdoyant Telle qu’elle, Assignée à résidence dans sa colle de ciment Mais ma parole ! Pour quelle survie ? Garder intact l’or De beaux moments ? Non ! Elle pleure vraiment Au passage du passant et plus encore Lorsqu’elle me vit Et je vis Abri décati Vêtue d’ombre et de nuit À l’intérieur de ses plis Riche et comblé de l’intérieur Aucun soufi n’y vit Et je n’y vis Lèvres closes ni plante ni enfant ni fleur On dirait qu’on lui a pris son coeur Sans fenêtre, sans rire, sans êtres À quoi bon être ? Lui aurait-on jeté un sort ? Pauvre cœur Son maître serait-il mort ? Mystère ! Ciel ! Sinistre fait divers ? Crime passionnel ? Rouillée la serrure aux lèvres du sourire ! À l’intérieur où, il n’y avait que de l’amour… Retournant les entrailles Fermant à double tour Complicité et rire Emmurant joie et murmures Séchant jasmin puits et treille en deuil Et sèchement clôturant le portail D’une belle histoire Désormais casée dans de sombres tiroirs … Un divorce aurait mal tourné ? Vertige Yeux mornes désolés Où le regard se fige Lèvres scellées Quel mot jailli cri du coeur ? Quelle fleur ? Quelle bonne blague lui servir Pour lui arracher un sourire ? Quelle bougie allumer Pour la consoler De sa solitude Et de la froide et grisâtre motte de ciment humide Agrémentant allègrement environnent aride Et front impavide ? Erreur de jugement ! Quelle main imbécile Se trompant sur sa nature A cru bon Au lieu de fleurs d’un p’tit banc Peint couleur bonbon De couler le béton Impur Jusque sur le perron Coagulant pieds agiles et horizon mouvant mobile Empêchant toute envolée étriers illuminés vers l’azur Malgré tout, elle tient debout Porte le numéro 1…du renouveau… Sous l’arc De l’arcade sourcilière revêche et bourrue D’où ne filtre aucune lumière … Lui sert de manteau rongé de poussière Tiens ! Le Vert marabout bon teint Henné du paradis Oint Qui fait du porte à porte Qui fait de l’œil au soleil Contre le mauvais oeil Et partout s’exporte Auquel on embrasserait bien la main Et pour lequel on se mettrait à genoux Tant il soignerait de saints et de fous C’est fou Mais, voyez- vous Le problème, avec les fous C’est qu’il y en trop Trop autour de nous de fous…pas assez fous Dit le saint marabout 2021-06-19 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet