Les arbres là-bas/P’tit papa Noël par: Fatima Maaouia- poétesse tuniso-algérienne-Tunis 19 janvier 2021 Fatima Maaouia Graphisme Faouzi Maaouia Comme une forêt de bras Saupoudrés de sucre blanc Feuillage Pris au piège de la neige Les arbres là-bas Proies : Aléas Appâts et guet-apens du mauvais temps Les arbres en plein vent Pleins de cicatrices Flancs surpris sur place Par la malice De la glace Qui carde le tronc Tant qu’à faire En plein hiver Quand on ne peut jeter le nez dehors Avec en plus le mors De ce maudit virus En renfort Qui à toute heure Se propose De faire un sort Et de précipiter la dernière heure Des fleurs et des roses … Quoi de mieux à faire Quand l’hiver vous jette des pierres Pour proclamer sa foi Contre la dure loi du froid Qui mord et vrille les doigts Que de tricoter avec cœur Aux arbres assis à côté de moi Des écharpes fruits et fleurs ? Les arbres là-bas Mat porteur Racine Profondeur Auteurs mille fruits et fleurs Qui peut être à leur hauteur? Pas à pas … Les arbres là-bas Comme une haie d’honneur Font front… Aux tréfonds Du fort intérieur Du troncs ferveur Où pour feinter la mort L’élan des sarments futurs Fichier feuilles et fruits prêt à télécharger D’un jet … Dort À feu doux défont Gel verglas mors Font le serment de réparer l’affront Et préparent déjà dans la zazoua du temps La mouture et la baraka du printemps futur Qui répare meurtrissures et injures à la nature P’tit papa Noël. Toi qui as la chance d’avoir des ailes Une adresse mail Arc en ciel Je n’ai pas eu l’honneur recevoir Ton étoile chez moi, organise, donc un soir Une petite tournée du côté gris, pour voir Côté voyages, Je comprends que tu sois blasé On sème des brassées de fleurs Sur ton passage Quand tu passes Dans les allées parfumées Continents brassés Pétales dorées Roses épatées Sont jetées sans compter Sous tes pas sublimés Douceurs encens Faveurs bleues, ferveur Tendre Rose futées Bouleversent les sens Et éclosent fusées de bontés Dans les maisons pâtés, embaumés Pour ne pas trépasser Et craquer comme une bûche paumée De gras Sous le poids de l’oie gavée d’émoi La terre au goût de noix Monte au septième ciel Feuilleter le buffet de sa foi Et moi, pauvre bûche Je trébuche ! Dans mon coin Ça m’en bouche un coin ! J’ai presque envie de faire coin coin ! Même sans soleil ! Les chemins Sonnés de benjoin, Se mettent à gazer De l’argenté ! Fébrilité et joie! La soie à jaser N’a pas assez de langues et de doigts Pour s’empresser de tisser La bannière sans croix De tes croisières lumière Floride ! Saint Tropez ! Balnéaires ! Maman ! Nom d’un chien! Ça m’rend zinzin ! Hollywood ! Rome et Miami, Central Park ! Capri ! Las Vegas ! Paris Et j’en oublie ! Quand j’y pense, je me demande Ce qui m’a pris de t’inviter A venir de si loin danser un brin Sur la corde raide De mon pauvre bled Je me demande Si je fais bien d’insister Ta tournée est programmée de cités en cités Les jouets dans ta hotte Seront malaisés à transporter Sur les bosses et coupe gorge métallisés De mes routes cabossées Comment les rennes Pourront- ils déployer leurs ailes étrennes Dans un ciel Aux sentiers égorgés de peines ? Etoiles trompées et fleurs écrasées Appartiennent au passé Rodé aux croisières De lumières Mon chemin de poussière Te fera trébucher L’horizon est borné Le sol cerné ! Mais, comme c’est un peu à cause de lui Quand même que tu luis encore Comme un superbe louis ! Permets–moi donc d’insister ! Ici tu draineras un public d’or Dans un décor ! Je t’en dis pas plus ! Sors donc pour changer ! Des ornières dorées ! Fais un effort en dehors Des quartiers chics et huppés ! Aux poumons cathédrales-dentelle Dilatés de bontés ! Organise donc une petite tournée Du côté gris Clique un soir Pour voir Le silence du bruit ! Tu verras c’est mirifique ! Le désert, dans nos contrées Est d’un magnifique ! C’est d’un si grand désespoir ! La vie d’un soleil dans nos déserts ! C’est comme danser sans grand soir Dans le noir ! Le mien a si froid chez moi, Qu’il ne met Plus le nez Dehors…dedans chez moi ! Et celui du dedans, Ne met plus le nez Dehors Tant il a peur ! Pour l’heure… Plus naufragé que le Titanic Mon logis, Cierge mythique Ne luit plus ! Errance et misère Ont eu raison de lui Le malheur S’est épris si fort de lui ! Qu’il a tout détruit! Viens donc visiter ma demeure ! Containers de rêves pillés Et de fleurs Pliées Ma demeure Bunker de cœurs ! Glacés en demeure ! Ma demeure qui fuit ! Sors, sors un peu des bonnes maisons ! Parfumées à mort Prends un peu de ton temps Ça ne sera pas long! Viens, sur les routes non bitumées ! Viens pour tes livraisons Dans ma maison De rêve Qui n’a pour hotte Que le glaive Ma maison boueuse Qui n’en finit pas de faire dodo Avec sur le dos La botte merveilleuse ! Ah ! Mon cher ! Tu seras accueilli À bras ouverts Par la misère et l’enfer ! Si ce n’est pas un déluge de fer Cloches du tonnerre Rafales de balles De tous les diables Et râles Au son des mitrailleuses, Ce sera la musique merveilleuse De cantiques Noués de panique Des ventres que la faim Cannibale fait monter aux confins De l’univers On te mettra des bracelets d’acier Et à ta hotte Des menottes Pour compléter le tableau Les chiens seront à tes trousses Et les coups de fusils De la partie Ton traîneau Aura tellement la frousse Que la lumière de ses grelots À vie N’exhalera plus que sanglots Viens! Viens me visiter ! Viens voir les petits gars Avec rien sur le dos Que la bandoulière des déboires de la terre! Les petits gars Mioches Cœur encoche Gavés d’ balles gavés d’bobards Gavés de roches Avec la peau sur les os Les p’tits gars Qui font dodo Sanglots en poche Dans la rue, les gares Les entrepôts Les petits gars Derrière les verrières De lumières Les petits gars Hagards Des tanières Bouffés trachome maladies cafards Les petits gars, de quelque part… de derrière Tu verras, Toi le pionnier de la vie Dans les yeux des petits, Des milliers de p’tits Jésus Nus Dinosaures transis Au pied du mur… Si pressés de vie Que le sort Les a, sans chaussures Pour tes trésors… Jetés dehors Tu verras, Comment un uniforme scolaire Tendu à craquer de vie Comme un cri Blessé Se transforme en un clin d’œil En linceul Quand le cœur froissé de son petit Endeuillé De silence de treillis et de déni Bondit en confettis Bondit jusqu’au ciel Pour se rincer l’œil de soleil ! Tu verras Allélui ‘Hallali ! Dans les archives de l’oubli Le safari La folie Et la curée À ciel nu ! C’est pas mal non plus ! Les petits sans pays,dans souliers Des souliers sans pieds Pied sans son petit Petit sans pied Pays sangsues Pays point ! Points d’interrogation ! Pays sang Le tout, sang saoulé Pelés Mêlés ! Paysans sans orge… sans son sans blé Sans paix Pays sans poignet Tu verras comment Partout, sur cette terre Du jour au lendemain Il est si facile de devenir… rien ! Tu comprendras alors, comment Dans notre maison Au pied du mur Mise à feu et à sang À tort ou à raison Pour un oui, pour un non On devient si facilement Brigand Gangster Voleur de grand chemin Plancton de mer Fleurs de cimetière… Tu comprendras alors si bien Que pour changer l’atmosphère On puisse comme rien Eparpiller sa chair En loques aux cailloux du désert Ou aux dents de la mer … Que j’ai peur de trop insister Si tu viens, derrière les murs Je suis sûre Que ta lumière Aura tellement à faire Que vide et sirocco Epuiseront illico Ta cartouche à lumière ! Pour ne pas être à court de sève Tu ne pourras que prendre Le risque de voler le rêve Pour le réinstaller en couleurs Sur la terre entière …Et…alors là, Jamais plus tu ne repartiras Car, mon cher… Gangster… Le plus grand de la terre Tu deviendras.. 2021-01-19 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet