Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :42–Les poèmes de Patrick Berta Forgas :42-1:Les nouvelles primitives (extraits ) 2 avril 2020 Patrick Berta Forgas Le diable nous regarde s’acharner à aimer. _________________________________ Les rois du nord et du sud s’arrangent si bien du mal. _________________________________ Nous savons tous que les sables ne pleurent pas ! _________________________________ Je pleure ce que nul ne fera. _________________________________ Le diable est si nécessaire au destin des guerres quand bruissent les boues de Dieu … _________________________________ Ce poème nous met , d’emblée , en face des deux constantes principales de la poésie de Patrick Berta Forgas : sa vision pessimiste sombre de l’univers et de l’entité humaine et sa tendance persistante à masquer le noyau sémantique du poème, de façon à ce qu’il n’apparaisse pas au lecteur qu’après un examen attentif et minutieux .D’abord au niveau de la structuration générale du texte, l’auteur, en le découpant en mini-strophes séparées par des traits horizontaux , comme pour obliger le lecteur à appréhender le contenu de chacune d’elles indépendamment de ceux des autres , établit, à travers elles et au niveau de l’Univers entier, une hiérarchie colossale, à la tête de laquelle il place Dieu et tout en bas l’être humain. Et dans ce bas, il élabore une hiérarchie minime, sans doute copiée grossièrement sur la première, groupant les créatures humaines divisées en deux classes diamétralement opposées :celle des rois imitant l’Être suprême et le reste des communs des mortels doublement soumis et écrasés sous ce joug pesant sur eux .Et comme pour donner plus de teinte tragique à la situation de ces humains , il les met uniquement en contact, sur terre avec leurs oppresseurs et au ciel avec le Diable (le diable nous regarde s’acharner à aimer- le diable est si nécessaire au destin des guerres quand bruissent les boues de Dieu …) , les privant, ainsi, de la miséricorde de leur Créateur, faisant d’eux des victimes réelles ou potentielles du Mal et ne leur laissant que les larmes pour se soulager de leur douleur (je pleure ce que nul ne fera) .D’autre part, deux effets néfastes de ce mal qui concourent parfois ensemble parfois séparément à la dégradation de la situation générale dans le monde ont été mis en évidence :le type oppressif répressif de l’organisation sociale choisi par l’homme lui-même (les rois du nord et du sud s’arrangent si bien du mal) et les guerres incessantes que provoquent les rivalités entre les rois (le diable est si nécessaire au destin des guerres ) . Côté style, le poète a fait éclater, dès le début le noyau sémantique du poème, viciant son contenu dans l’espace du texte sous forme de faisceaux fascinants entremêlés .Ce qui lui a conféré un haut degré de poéticité . 2020-04-02 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet