Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :41–Les poèmes de Dominique Montaulard Ziani :41-7: Ta partition

 

Je t’ai donné ma main

Et tu l’as prise.

Voilà les mots qui s’enchaînent

Comme des perles de rosée.

Tu as tellement à me dire!

Comment ai-je pu ne pas entendre

Quand tu hurlais à mon oreille?

Il me suffisait seulement d’écouter

Ta voix chantant dans mon esprit.

Je suis ton instrument,

Toi le divin archer.

Et je dessine inlassablement

Les notes de ta partition inachevée.

 

Le noyau sémantique duquel a été généré ce mini-poème amoureux est la notion de féminité. Et cette qualité que  la croyance courante considère comme spécifique aux femelles, est, en réalité, présente  chez les individus des deux sexes , du fait que l’être vivant  quel qu’il soit , est composé  d’une partie féminine ( Anima ) et d’une autre masculine ( Animus ) .Ce qu’affirment les généticiens modernes  qui ont  démontré que les hormones féminines et masculines existent nécessairement chez les deux sexes avec des proportions inégales. Dans ce poème , le discours de  la locutrice révèle  deux vérités  sur sa constitution psychique : la première est la réceptivité ultra-passive  qui  est  considérée comme l’un des caractères les plus marquants de la féminité (Je t’ai donné ma main et tu l’as prise / il me suffisait seulement d’écouter / ta voix chantant dans mon esprit / je suis ton instrument  toi le divin archer ).La seconde   vérité est le caractère extrêmement auditif  de la personnalité de cette même locutrice  (voilà les mots qui s’enchaînent comme des perles de rosée / tu as tellement à me dire! comment ai-je pu ne pas entendre / quand tu hurlais à mon oreille, il me suffisait seulement d’écouter ta voix chantant dans mon esprit ) , sachant que  le tempérament visuel est , à l’opposé ,  le signe le plus représentatif de la virilité d’où  une complémentarité totale entre  la locutrice et son être cher . Côté stylistique, l’auteure confirme qu’elle a saisi une fois pour toute que l’essence de l’art poétique  est l’écart  et que ce dernier doit se traduire par des images surprenantes ou du moins nouvelles .Et cela se voit dans ces belles images: « les mots qui s’enchaînent comme des perles de rosée » – « ta voix chantant dans mon esprit – je suis ton instrument, toi le divin archer » – « je dessine inlassablement les notes de ta partition inachevée ».