Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :40– Les poèmes de Laurent Mourot-Faraut :40-11 :Parle-moi encore de toi…

Laurent Mourot-Faraut

 

Parle-moi,

Parle-moi de toi,

Nous étions pourtant d’accord,

De laisser parler nos cœurs,

J’ai croisé tes yeux et tes larmes,

Tes chemins de travers qui m’ont traversé,

Parle-moi,

Parle-moi de toi,

Et lève la tête avec moi vers le ciel,

Nous allons être enfin tous unis,

Prend ma main, et puis mon âme,

J’ai croisé tes lendemains perdus,

Soulevant tes souvenirs retrouvés,

Sous le vent dans la main,

Tes cheveux dessinant la liberté,

Je t’en prie,

Parle-moi,

Parle-moi de toi,

Nous étions pourtant heureux,

Reviens-moi je t’en supplie,

Pour enfin être libre moi j’ai besoin de toi,

De laisser mon cœur couler sur la scène,

De toucher les étoiles,

Même si parfois ça me fait de la peine,

J’ai besoin aussi de parler de toi,

Seulement de toi,

Parle-moi,

Parle-moi encore de toi,

Parce que si j’oublie, que je m’enfuis,

Le monde j’en suis sur changera,

Et je ne le veux pas,

Personne ne doit voir mon visage,

Ni entendre ma voix,

Lorsque je parle de toi,

Parle-moi, parle-moi, encore, encore de toi,

Mes cris ont peur de ne plus se souvenir,

J’ai besoin de t’aimer,

De toucher le soleil pour cela et me bruler,

J’ai aussi besoin de toucher les saisons,

Et de les faire pleurer,

Sous le temps d’une bougie qui m’éclabousse,

Parle-moi, parle-moi encore de toi,

J’en ai besoin, j’en ai besoin,

Parle-moi, parle-moi, encore, encore, encore,

De toi, de toi, de toi, de toi, de toi, de toi…

 

De petits indices épars dans ce poème renseignent le lecteur sur le contexte dans lequel il a été écrit . Les deux vers  (Nous étions pourtant heureux / reviens-moi je t’en supplie, )  indiquent   une relation harmonieuse qui a tourné en une rupture douloureuse pour le locuteur, ce qui marqué son discours,  tout au long du texte , d’un ton supplicatif  , empreint de désespoir et de souffrance qui atteint ,  par moments  , le délire verbal . Et cela s’est traduit ,  d’un côté  , par la haute fréquence de certains éléments linguistiques dont surtout  la phrase impérative  ”   parle-moi  ” ( 16 fois )  qui exprime un besoin vital chez le locuteur de rétablir la communication avec la bien-aimée  et le pronom personnel ” toi  ” ( 15 fois )  dont cinq  occurrences à la fin du poème (  toi, de toi, de toi, de toi, de toi, de toi… )  qui révèle  son attachement profond  à elle . Ce procédé a été renforcé par l’usage massif de l’hyperbole (tes chemins de travers qui m’ont traversé – laisser mon cœur couler sur la scène, de toucher les étoiles – j’ai besoin de t’aimer, de toucher le soleil pour cela et me bruler- j’ai aussi besoin de toucher les saisons, et de les faire pleurer … ) , de l’asyndète   c’est-à-dire l’ absence de conjonctions  entre les phrases  (Parle-moi de toi  / nous étions pourtant d’accord  – j’ai croisé tes yeux et tes larmes / tes chemins de travers qui m’ont traversé ) et de l’accumulation (encore, encore, encore, de toi, de toi, de toi, de toi, de toi, de toi… ) lesquelles ont donné  au texte un style haché conforme à la nature du délire . Bravo Laurent !

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