Dans la maison du poète romantique François-René Chateaubriand (1768 – 1848 ) à Châtenay-Malabry en France (Mars 2019) par : Mohamed Salah Ben Amor

 

François-René Chateaubriand dont j’ai visité aussi la maison lors de mon dernier voyage en France est très différent des deux personnages précédents : Jean-Jacques Rousseau et Stéphane Mallarmé. Bien plus, il pose une grande problématique pour la critique, car s’il a été reconnu mondialement comme un génie littéraire, ses idées et ses prises de position politiques et sociales ont fait de lui un antirévolutionnaire et un antipopulaire déclaré. Ce qu’on peut, peut-être, expliquer par son appartenance sociale, puisqu’il était d’une famille noble et avait même le titre de vicomte. Et grâce à ce rang social, il avait passé son enfance et sa jeunesse dans un château. C’était dans doute pour cette raison qu’il avait rejeté la révolution de 1789 et n’avait pas hésité de lui faire face en rejoignant l’armée des royalistes émigrés à Coblence en Allemagne en tant que capitaine pour combattre l’armée de la République .Nous avons donc affaire à un personnage ultra-conservateur qui refusait tout changement et n’avait aucune affinité avec le peuple.
En 1800 dès l’arrivée de Napoléon Bonaparte au pouvoir, Chateaubriand revint en France après huit ans d’exil puis à la déchéance de Napoléon et la restauration de la royauté en 1815, il fut nommé ministre des affaires étrangères.
Cependant, du point de vue littéraire, il était considéré comme un grand novateur parce il avait insufflé à la littérature un sang nouveau après qu’elle ait été longtemps sclérosée sous les plumes des classiques et l’avait libérée des règles rigides , en créant une langue vivante, palpitante et pleine de finesse et d’émotion qu’il avait mis en œuvre pour décrire les sentiments exaltés, déblayant ainsi le terrain à l’émergence d’un nouveau courant écrasant , celui qu’on a appelé « romantisme ».
De 1800 à 1850, il avait publié près de vingt livres dont les plus importants sont Atala( 1801),René(1802 ), Génie du christianisme (1802) dans lesquels il a montré un grand talent dans la description de la nature et l’analyse des sentiments, ce qui a fait de lui l’une des grandes figures du romantisme en France et dans le monde.
Ce paradoxe d’être à la fois un grand créateur et novateur en littérature et un réactionnaire en politique et en société pose comme je viens de le dire, une grande problématique pour les critiques .En effet est-ce que la possession d’un talent littéraire pu artistique est suffisance pour la reconnaissance d’un poète ou d’un écrivain ou d’un artiste ou doit-on exiger de lui aussi d’être militant pour les causes nobles ?
Quant à la maison qui est devenue un musée portant son nom, il ne l’a pas héritée de son père mais il l’a achetée en 1807 grâce aux succès de ses deux livres Atala et Le génie du christianisme et il y vécut dix ans avec son épouse Céleste. Mais suite à des difficultés financières, il dut la vendre en 1818.
Cette maison est sise à La Vallée-aux-Loups à Châtenay-Malabry.environ à 18 Km de Paris. Pour y parvenir, il faut utiliser le métro puis le RER puis aller à pieds une vingtaine de minutes.

Cette allée enchanteresse se trouve dans le jardin du poète Chateaubriand. Quiconque l’emprunte se sent envahi par des visions irréelles et comprend exactement ce que voulait dire le mot « romantisme » !

Dans le jardin de Chateaubriand, il y a un arbre taillé sous la forme d’une bibliothèque dans laquelle ont été disposés la totalité de ses ouvrages. Les étals ont été creusés dans le tronc avec de petites fenêtres vitrées pour protéger les livres des intempéries .Vous n’avez qu’à ouvrir l’une des petites fenêtres, prendre le livre de votre choix et le lire sous l’ombre de l’arbre sur un banc installé à cet effet.Puis avant de partir vous remettez le livre à sa place.

 

Cette allée enchanteresse se trouve dans le jardin du poète Chateaubriand. Quiconque l’emprunte se sent envahi par des visions irréelles et comprend exactement ce que voulait dire le mot « romantisme » !

« Souvent j’ai suivi des yeux les oiseaux de passage qui volaient au-dessus de ma tête. Je me figurais les bords ignorés, les climats lointains où ils se rendent ; j’aurais voulu être sur leurs ailes : un secret instinct me tourmentait ; je sentais que je n’étais moi-même qu’un voyageur, mais une voix du ciel semblait me dire : Homme, la saison de ta migration n’est pas encore venue ; attends que le vent de la mort se lève, alors tu déploieras ton vol vers ces régions inconnues, que ton cœur demande. ».

Victor Hugo  que « M. de Chateaubriand, au commencement de 1847, était paralytique» .L’ancien secrétaire de Chateaubriand confia que dans les derniers temps de sa vie Chateaubriand était presque tombé en enfance et n’avait plus que deux à trois heures de lucidité par jour Chateaubriand meurt le 4 juillet 1848 .
Ses restes sont transportés à Saint-Malo et déposés face à la mer, selon son vœu, sur le rocher du Grand Bé.

François-René de Chateaubriand ; Le génie du christianisme (1802)

 

 


										
					
									

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