Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :12 – Les poèmes de Fatima Maaouia :12 -13: Belle Fleur 3 juin 2019 Fatima Maaouia Fleur Sueur Splendeur Anti -peur Belle révolution Concentré d’émotions Née un matin D’un brusque coup de rein Pour créer d’autres liens Aujourd’hui, ceux sans lumière Venus de loin Mangent à ciel ouvert Saignées corail Bassin minier en colère Mangent les yeux et la chair: Jasmin de la terre … Mangent le vert Littoral Au plus mal Et tendre espoir… jusque dans l’estomac, Entrailles Et intestins grêles : poitrail ouvert Des pauvres hères Le noyau sémantique de ce poème est né d’une prise de position politique claire , celle de la gauche tunisienne à l’égard de la situation qui a prévalu dans le pays après la prise en main des rênes du pouvoir par la troïka en octobre 2011 . Et ce noyau se résume en une évolution à contre-courant grave, d’une révolution prometteuse à un retour inquiétant en arrière qui menaçait de saper tous les acquis réalisés dans le pays au prix de lourds sacrifices consentis par plusieurs générations. Mais si ce message est, comme nous venons de le dire, clair et net et ne prête à aucune équivoque , conformément à l’un des principes du réalisme socialiste , la façon dont il est véhiculé dans ce texte se distingue par une singularité stylistique très prononcée et une qualité esthétique de haut niveau . Et cela s’est concrétisé par la mise en fonction de différents procédés ludiques et rhétoriques qui tiennent le lecteur en haleine du début du texte jusqu’à sa fin dont les plus saillants sont la métaphorisation de la révolution tunisienne civique et paisible par la fleur et de ceux « sans lumière venus de loin » par les deux images implicites des sauterelles qui ravagent tout sur leur passage et des prédateurs assoiffés de sang (mangent à ciel ouvert saignées corail – mangent les yeux et la chair – mangent le vert – jusque dans l’estomac , entrailles et intestins grêles : poitrail ouvert des pauvres hères ) , ensuite la transgression des règles normatives de la convention morphosyntaxique (ou dyssyntaxie) qui touche à peu près la totalité des phrases employées dans le poème ( fleur sueur splendeur Anti-peur belle révolution concentré d’émotions née un matin d’un brusque coup de rein pour créer d’autres liens ) doublée de l’absence presque totale de conjonctions (ou asyndète) . Ce qui a eu pour effet d’engendrer un style haché, minimaliste et rapide créant conjointement un foisonnement de connotations et un rythme à haute teneur. 2019-06-03 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet