Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :12 -Les poèmes de Fatima Maaouia:12 –7:Cil -y- a- na” city 28 mai 2019 Fatima Maaouia D’un battement de cils scalpel Sans appel Qui fait mal Tout chevrotant et pâle Le ciel bas Vêtu de burka Appât Crachant sur la triste lande Ses poumons malades D’excès de pommade Chargés de chevrotine -toxine immonde D’un clapet sec le ciel bas Vêtu de burka A refermé le monde Sur la pauvre isba Déshéritée et sans bras Qui tombe… encore plus bas Le ciel est gris Habité de cris Siliana nue …en tenue de combat Cil, cils S’il y en a de brûlés, d’estropiés, De cibles pillées cils éparpillés Oeil fruit, baie… lettres ouvertes Plus larges que béantes fenêtres Impossibles à plier C’est à “Cil -y- a- na” city Enregistrés salsal sinistré Qu’il y en a en quantités industrielles Salsabil … Cils linceuls Se ramassent à la pelle Viens te rincer l’oeil A Siliana qui gonfle de colère à vue d’oeil Aux yeux du monde: yeux, larges yeux cieux scalpés : Pierres précieuses sculptées importées Viens voir! Y en a de toutes les couleurs …Or, Globes oculaires Sans éclat et sans lumière Troués comme passoire Viens voir! Viens voir vite! La parole maudite La parole non dite Y bat encore Et palpite… A chaud… Sans mots Ce qui est extrêmement difficile en poésie lorsqu’il s’agit d’écrire sur les évènements de l’heure comme ceux qui ont survenu à Siliana en Tunisie est de faire face à une très grande quantité d’informations et de commentaires que véhiculent à ce sujet les médias de toute nature . Ce qui pose pour le poète le problème délicat de l’écart qui constitue l’essence même de l’écriture poétique . L’auteure de ce poème , grâce à sa longue expérience avec ce genre de thèmes et son style réellement spécifique dans la manie de la langue , basé sur l’usage massif d’une forme de ludique subtil et recherché mais acerbe et fortement acidulé qui rappelle quelque peu celui du poète tunisien arabophone Moncef Mezghanni, semble être totalement immunisée contre le danger de basculer dans le banal et le commun . Et pour s’en convaincre , il suffit de suivre la stratégie qu’elle a suivie dès le titre et qui consiste à accumuler graduellement les connotations suggérant les évènements tragiques de Siliana par la génération d’une multitude de sens seconds au moyen de différents effets de style sonores qui prennent tous leur source dans la structure phonétique du mot Siliana .Et pour atteindre cet objectif , la poétesse a segmenté dès le début le mot Siliana en ses syllabes constitutives pour créer tout de suite après une atmosphère sonore dominée par des échos suggérant le sifflement des balles et qui s’est étendue sur la totalité du texte par l’assemblage de mots comportant le son ” S “dont : cil , scalpel , ciel , estropiés, cibles , salsal , Salsabil linceuls, scalpés , sculptées , passoire … et en renforçant cette atmosphère au fur et à mesure que se déploie le discours par d’autres échos secondaires tels que : ” scalpel sans appel qui fait mal / bas burka appât / vite! Maudite , non dite palpite...” . Ce qui a eu pour effet d’évoquer une situation explosive et très inquiétante. Un autre poème bien réussi de cette poétesse dont la gauche tunisienne peut en être fière dans une scène culturelle et politique pleine à craquer de tendances et de voix de tout acabit . 2019-05-28 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet