Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :31–Les poèmes de Didier Hippon: 31-17 :Mon essentiel

Didier Hippon:

 

Ce que 

J’écrirai 

Dorénavant 

Sur le tas 

Ne m’éloignerai 

Pas ce que

Je suis 

Tant que  

Les vitrines  

De mon 

Paraître 

J’essuie 

En amont

Ce souffle 

De confiance 

Que je me

Bats doucement

Pour y mettre

Un brin de soleil 

Dans ma 

Part de nuage

J’avance 

Car sûrement

Le temps 

Est l’image  

De la rose 

Elle s’ouvre 

Délicatement

Avec le

Serment 

Du cœur 

Tant 

Je donne

Ce nombre 

Entier 

Dont 

L’unique 

Prénom 

Est le mien 

Si bien 

Il n’y a guère 

De sermon 

L’envie de toucher 

Le ciel  de l’au delà 

L’amour éternel

Sont  les 

Rêves de mon vivant 

L’étang de mon cœur

Se vide  

Au fur à mesure 

J’apprends

De mon par cœur 

A chaque compartiment 

A chaque jetée de sentiment 

Pour autrui 

Je suis tombé à l’inconnu 

Me mettant à nu  

Dès le moment 

Ou je t’ai dit 

Je t’aime 

C’est le seul 

Mot 

Qui est 

Mon essentiel 

A l’heure 

Ou nait 

Un arc en ciel

Dans ma 

Mesure

 

Si le thème de l’amour n’est pas totalement absent dans les écrits de cet auteur, il est très rare qu’il y soit abordé seul et sans être accompagné par un autre  sujet, soit parallèlement ; soit en y étant enchâssé. Et la cause de cette subordination du thème amoureux chez ce poète est que son expérience repose sur deux piliers fondamentaux : la nostalgie de l’enfance dans  le milieu natal lointain ( la Guadeloupe ) et le sentiment d’exclusion dont il souffre dans le milieu soi-disant d’accueil ( Paris ), ce que nous voyons clairement dans ce nouveau poème où le discours amoureux du locuteur est traversé de  mille tourments .Bien plus, il s’y présente comme inséré dans l’arrière-plan sombre habituel duquel émergent ses ressentis et ses mots (je me bats doucement pour y mettre un brin de soleil  dans ma  part de nuage  l’étang de mon cœur).Cet état de fait confirme la nouvelle thèse de l’amour individualisé que soutiennent certains psychologues modernes et selon laquelle deux personnes  n’aiment  jamais de la même façon , contrairement à la conception classique de l’amour qui l’a divisé en plusieurs genres (amour érotique –  amour ludique ou  passe-temps – amour d’amitié – amour maniaque – amour pragmatique – Amour obsessionnel – amour platonique …etc…. ). Dans  notre cas ci-présent, l’amour décrit par le poète se présente comme un cri de liberté pour ne pas étouffer (  Je t’aime  c’est le seul  mot  qui est  mon essentiel  à l’heure  ou nait  un arc en ciel dans ma  mesure) et un  élan très fort mais  désespéré pour s’attacher à une vie qui lui fuyait (j’apprends de mon par cœur  à chaque compartiment  à chaque jetée de sentiment  pour autrui  je suis tombé à l’inconnu  me mettant à nu   dès le moment  ou je t’ai dit  je t’aime ).Et dans  cette dernière phrase « je t’aime » , il faut saisir toute la charge compensationnelle qu’elle porte et surtout l’amour de la mère et l’amour d’autrui dont  le poète a été depuis longtemps privé.

Au niveau du style et vu d’un œil classique, la langue utilisée  transgresse, sans doute, sous l’effet du créole,  en plusieurs  points du texte, les règles  syntaxiques  normatives et communautaires (ce que  j’écrirai  dorénavant sur le tas  ne m’éloignerai  pas ce que je suis  tant que   les vitrines   de mon paraître  j’essuie  en amont ). Mais en poésie qui est l’expression la plus proche de l’égo, la critique devrait être tolérante ou du moins compréhensive.

 

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