Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor : 29–Les poèmes en duo d’Elena Martinez et Mohammed El Qoch: 29 -7: Ô dérive…! 25 avril 2019 Elena Martinez et Mohammed El Qoch Mon cœur désorienté, écœuré à la dérive Troublé par tant d’ardeur et de défiance Comme ce bateau aux horizons déboussolés De bleu marin et de mouvance Mousses et matelots endoloris, sans vivres Le temps nous amarine tous deux à quai L’onde est si lasse au large de tes rives Où nos espoirs en sont les grands naufragés Ballotté de tous côtés, je me noie dans l’instant Ivre d’équinoxe et d’éternité Dans l’échancrure béante et houleuse des vagues Je rêve sans trêve que tu viennes m’accoster Mon esprit fortement atteint, tangue et divague Un hublot ouvert sur l’aventure S’arc-boutant contre la marée, me transbordant L’île promise n’est plus qu’une imposture Je me coule profondément dans le paysage maritime De tes mots aux embruns salins Assiégé de maux, endêvé de trop de chaînes Ma destinée est tracée dans le sillage de tes mains L’océan, immensité infinie, en sursis, se déchaîne Mouvance intérieure de nos continents intimes Dans ce poème , il y a une véritable source de fascination qui se situe à la dernière strophe sous la forme d’un glissement inattendu et surprenant du naufrage annoncé et pressenti dès le troisième vers , bien qu’il soit métaphorique et non réel , vers les bras de l’être cher .A partir de ce point lumineux , nous pouvons dès lors nous représenter le plan échafaudé depuis le début par les deux auteurs afin de créer l’effet esthétique capable de captiver le lecteur .Ce plan comporte une métaphore très entendue d’une mer déchainée c’est-à-dire une mer dans son état le plus redoutable qui soit pour que la rencontre avec l’être aimé soit perçue à la fin comme une bouée salutaire de sauvetage vital .Un deuxième procédé a été utilisé aussi dans ce même but : c’est la neutralité du genre du locuteur / locutrice qui permet de recevoir sa voix tout au long du texte comme masculine ou féminine .Sur le plan sémantique , l’utilisation du symbole de la mer, homophone de mère , au cours de ses moments les plus terrifiants révèle une peur inconsciente de l’inconnu que seule la force protectrice de la mère peut surmonter .Mais au lieu de se diriger vers ce paradis perdu, l’être cher s’y substitue au dernier moment pour donner au texte au niveau linguistique une dimension passionnelle . Un autre joyau les amis .Mes félicitations et mon encouragement ! 2019-04-25 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet